This time, this time only, do believe the hype.
Cela fait un peu plus d’un an que les démos d’Arctic Monkeys ont été mises à disposition de tout un chacun sur Internet. Les cd, désormais légendaires, étaient distribués au public lors de leurs premiers concerts, et la technologie actuelle a permis de leur offrir une audience mondiale. Les démos, même si évidemment assez peu produites, ne laissaient aucun doute : on n’avait plus vu ce type de groupe en Angleterre depuis (insérez votre groupe anglais classique préféré ici).
Un an et deux singles n°1 après, l’album arrive, et aura sans doute écrasé les ventes du premier album rock le plus vendu en une semaine, Definitely Maybe (Oasis), au moment où vous lisez ces lignes. Qu’est-ce qui se passe, un groupe qui rencontre le succès tant critique que commercial ? C’est encore possible ?
Apparemment, oui.
L’album est absolument exceptionnel. Musicalement sans répit, Whatever… voit quatre lads à peine sortis de l’adolescence appuyer sur le champignon et jouer des guitares crasseuses et une batterie kalachnikov comme si leur vie en dépendait. Quarante minutes, deux morceaux plus lents, et onze bombes inclassables. Pas vraiment punk, pas vraiment pop, mais terriblement efficaces et classes. Un premier album d’une telle cohésion est un fait très rare, voire carrément inédit ; le cliché treize morceaux, treize singles a été crée pour ce disque.
Et tout cela ne tient même pas compte des paroles, et du débit de voix d’Alex Turner. Ce dernier n’a pas vraiment d’équivalent dans la scène rock, on trouvera juste des rapports avec Mike Skinner (The Streets), tant pour l’observation sociale que pour l’accent, ou James Dean Bradfield (Manic Street Preachers) pour sa capacité à caler le plus de syllabes possible dans un minimum de place. Quelques citations, au hasard : « All the weekend rockstars in the toilets / Practicing their lines » (« Fake Tales Of San Francisco »), « She don’t do major credit cards / I doubt she does receipts » (« Still Take You Home ») ou encore « They might all wear Classic Reeboks / Or knackered Converse / And tracky bottoms tucked in socks » (« A Certain Romance »).
Mais malgré les comparaisons (rajoutons les inévitables Franz Ferdinand/Gang Of Four et Strokes/Television) l’album est conçu par Arctic Monkeys, et personne d’autre. Les morceaux sont autant d’explorations sociales du Royaume-Uni d’aujourd’hui, du samedi soir (« From The Ritz To The Rubble ») au dimanche matin (« Still Take You Home »), de la « chav culture » (« A Certain Romance ») à l’adolescence désincarnée (« Riot Van »), des groupes post-Strokes (« Fake Tales Of San Francisco ») aux nuits sordides de Sheffield (« When The Sun Goes Down »). Sans oublier le single « I Bet You Look Good On The Dancefloor », deux minutes trente de perfection totale.
Arctic Monkeys sera peut-être aussi grand qu’Oasis l’a été (même si leurs morceaux sont nettement moins destinés aux stades de foot alcoolisés), mais aujourd’hui, ils sont le coeur et l’âme d’un pays, d’une génération. Mais même si toutes ses références sont éminemment British, rien n’empêche le reste du monde d’être conquis par un son, digne successeur du Beatles 66, Sex Pistols 77 et Oasis 94.
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