On redoutait que le héros de l’indie folk psychédélique, Ben Chasny aka Six Organs, ne se soit définitivement perdu dans l’encens de ses hasardeuses improvisations


On redoutait que le héros de l’indie folk psychédélique, Ben Chasny aka Six Organs, ne se soit définitivement perdu dans l’encens de ses hasardeuses improvisations. Précisément depuis ses deux derniers albums parus en 2015 conçus à partir de son système Hexadic  inventé par ses propres soins. Le musicien ne nous avait pas totalement convaincu avec sa nouvelle approche expérimentale de composition “aux possibilités infinies” . Ironie du sort, le système semblait déjà montrer ses limites sur Hexadic I et II – disques respectivement électrique, puis acoustique – inspiré de son jeu de carte. C’est donc avec soulagement que l’on accueille ce Burning the treshold, qui renoue avec une écriture plus traditionnelle. Nul doute que sa récente tournée acoustique en solo pour célébrer la réédition de son classique Lo-Fi, Dust & Chimes (2000), a joué un rôle prépondérant là-dessus. Soit ici neuf compositions guidées par une six-cordes boisée, à dominance solitaire, adjoint occasionnellement du batteur Alex Neilson et du familier Chris Corsano aux percussions. De nouveau maître des éléments, Ben Chasny déroule ces singuliers arpèges un brin mystique dont il a fait sa signature voilà plus de quinze ans, ce magnétisme teinté d’ésotérisme faisant la jonction entre Tyrannosaurus Rex et John Fahey. L’humeur général est à l’apaisement, que ce soit sur le délicat “Adoration Song” (à peine perturbé sur la fin), l’instrumental aérien « St Eustace » (on soupçonne la faute d’orthographe…) ou « Around the Axis », en duo inspiré avec le brillantissime guitariste de chicago Ryley Walker. Mais à l’instar d’Asleep on the Floodpain (2011) d’obédience acoustique, le versant électrique et dissonant de Six Organs finit par réapparaître sous différentes strates, notamment sur la pièce de sept minutes “Taken by Ascent,” long abyme au groove rythmique rampant et ses effluves de fuzz menaçantes, sans oublier les vocaux hantés de Haley Fohr (a.k.a. Circuit Des Yeux). Si Burning The Treshold ne représente pas un pas en avant, ni le point culminant d’une discographie tentaculaire et régulièrement passionnante, il n’en demeure pas moins attachant et consolide la place de Six Organs en tant que pilier du paysage folk indépendant. Car il demeure tout simplement inimitable.

 

Label : Drag City / Modulor – 2017

Site officiel : www.sixorgans.com/

Tracklisting :

1.Things As They Are 4:26
2. Adoration Song 5:28
3. Reservoir 2:34
4. Under Fixed Stars 5:39
5. Around the Axis 3:02
6. Taken By Ascent 7:12
7. Threshold of Light 4:21
8. St. Eustace 3:57
9. Reflection 3:41