En tissant un univers surréaliste et faussement naïf, les psychédéliques Bootchy Temple surprennent, et retardent encore un peu leur passage à l’age adulte.
Lorsqu’en 2015 sort leur premier LP The Gardener Sleeps In His Golden Bed, les Bootchy Temple jurent n’avoir jamais entendu parlé du Paisley Underground, genre musical apparu dans les années 80 à Los Angeles et reprenant la voie tracée par divers groupes de la fin des sixties tels les Byrds ou le Velvet Underground, mais imbibés des sonorités et des influences de l’époque, le Punk forcement en tête. Quelques heures de recherches et d’écoutes sur internet plus tard, la pétulante petite troupe originaire du Sud-Ouest se remet au travail, endossant cette fois-ci la filiation avec le genre musical lancé par The Three O’ Clock et autres Rain Parade pour lancer ce très enthousiasmant Childish Bazar.
Les liens avec les groupes sus-cités sont effectivement largement perceptibles. Mais c’est aussi avec beaucoup de plaisir que cet album nous ramène ailleurs, vers les deux premiers albums de Dionysos (Happening Songs & Haiku), tant musicalement avec ce côté bricolage-enfantin, que dans le travail visuel (la très belle pochette signée du jeune et talentueux Inaniel Swims), voire dans des textes surréalistes et alambiquées que Raymond Queneau himself n’aurait pas renié. « Space Bubble » traite ainsi d’un garçon vivant dans l’espace qui, pour rejoindre sa promise vivant sous l’eau, utilise une bulle qu’elle envoie à cet effet. Cependant, sous ce papier peint aux motifs Disney barbouillés aux crayons de couleur, les Bootchy Temples ne se contentent pas d’une innocence mièvre : en effet, la bulle envoyée par la belle serait en fait infestée d’un gaz toxique.
Courts et efficaces, les 12 titres de l’album nous trimbalent sur une route ensoleillée, celle des grandes vacances évidemment. Ils disséminent généreusement des airs cajoleurs (« The Fying Woman… »), des chansons à tiroirs (« Once In A While »), et ces effets de guitares aux couleurs chaudes (la parfaite « The Boy’s Fate »). Dans cette cascade de titres dynamiques et stimulants, « No One’s Face » vient calmer les ardeurs, et mettre en exergue une production toujours soignée, avec une touche garage qui apporte un certain charme de circonstance.
« On se recrée un bazar d’enfant, parce qu’on n’a pas forcément les armes pour se confronter ou mettre de l’ordre dans cette vie d’adulte, et qu’on voit les repères de l’enfance se flouter »: L’album de l’immaturité, en somme. Et, bizarrement, on souhaite que chez les Bootchy Temple, le passage à l’âge adulte se fasse le plus tard possible.
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Tracklisting:
- Once In A While
- Empty Field
- The Flying Woman And Her Secret Pact With The Wind
- Space Bubble
- No One’s face
- The Boy’s Fate
- Walkin’ on
- Judy
- A Sad Flower In The Sand
- Shake Shake Shake
- Hear
- Down River