Décidemment, la paire rythmique William Parker/Hamid Drake accumule ces derniers temps les disques d’exception. Alors que récemment (lire ci-dessous), en compagnie du MC Beans, elle façonnait des ambiances urbaines sourdes et inquiétantes, voilà qu’avec le saxophoniste ténor Kidd Jordan elle délivre une musique plus traditionnelle et recueillie. Il faut dire que quelques semaines avant d’enregistrer Palm Of Soul, l’ouragan Katrina dévasta la maison de Jordan. Un traumatisme dont on devine qu’il a laissé des traces et influencé la tonalité mélancolique d’un disque volontiers introspectif. Après le désastre naturel, la furie destructrice d’éléments incontrôlables, perdure une colère rentrée qui s’est métamorphosée en sagesse humaniste. Jordan tire de son instrument des cris rauques et viscéraux, un souffle puissant, parfois même frénétique (le crescendo emporté de “Living Peace”), qui puise sa raison d’être dans les profondeurs d’une âme tourmentée. Une plainte tragique superbement relayée par Parker, grand contrebassiste qui excelle aussi à jouer ici des percussions (gongs et bowls) et du guimbri, réminiscences sonores d’une Afrique fantasmée, vécues comme un retour aux sources libératoire. Les tablas, la voix et autres riches percussions du batteur Drake convoquent quant à elles un Orient spirituel qui accentue encore la dimension incantatoire de ce divin album.
– Le site de Orkhêstra.