Le martiniquais Roland Brival a enregistré seulement quatre disques en vingt-six ans. Il faut dire que la musique n’est qu’une facette de la riche personnalité artistique de ce touche-à-tout jamais rassasié, l’écriture (quatorze romans à son actif), la peinture et la sculpture s’avérant tout aussi fondamentales à son univers métissé. L’oeuvre de Brival s’apparente à un bouillonnement de désirs, d’idées, de mots, de couleurs, de sons, de lignes qui forment un écheveau complexe et disent un monde aux frontières culturelles et géographiques incertaines. Son premier disque sorti en 1980, Créole Gypsy demeure aujourd’hui un modèle de musique créole délocalisée, puisant son énergie autant dans le jazz urbain que dans la soul sensuelle ou le funk. Il y a trois ans, le superbe Waka parvenait presque à égaler cet album devenu culte, en remettant au goût du jour le mélange explosif entre jazz new-yorkais et traditions antillaises. Malheureusement, la récente sortie de Kayam vient un peu ternir le tableau. L’originalité semble cette fois-ci faire défaut à cet artiste polyvalent, qui nous sert un album plus réchauffé que chaleureux. Sans être déplaisant, Kayam mise sur un groove puissant mais convenu, s’inspire d’ambiances feutrées de big band américains avec trop de respect (on soulignera tout de même les interventions inspirées du trompettiste Guillaume Poncelet et du bassiste Jérémie Coke) et pâtit d’une production trop léchée. Quant aux textes de Brival, on se surprend à repérer, au détour de descriptions ou d’états d’âme, des rimes faciles ou des poncifs dommageables. Une bien grande déception décidemment.
– Le site de Roland Brival.
– Le site de Such Prod.