Sur scène, sa timidité non feinte, son émouvante façon d’être-là sans vouloir faire de bruit, d’habiter un corps robuste manifestement trop grand pour elle et son attitude un peu gauche nous ont charmé. Madeleine Peyroux sort du lot, en transformant ses apparents défauts en autant de qualités pour le moins touchantes. Plus synchrones, sa voix douce et son phrasé suave collent à sa musique, sereine et calme. Dans sa bouche, les textes des autres sont autant d’habits qui lui vont comme un gant. En filigrane peut se lire une tristesse insondable et des tourments chevillés à un passé trop lourd à porter, qui ont suffi à dessiner l’image commode à vendre d’une artiste romantique et bohème. La personnalité complexe mais de plus en plus posée et généreuse de Madeleine Peyroux trahit pourtant des dispositions au bonheur qui mettent à mal les clichés qui lui collent à la peau. Enregistré avec la même famille de musiciens que sur son précédent album (Careless Love – 2004), Half the Perfect World reconduit aussi les mêmes ambiances songeuses et voluptueuses. Standards de Leonard Cohen, Harry Nilsson, Serge Gainsbourg, Fred Neil, Joni Mitchell, Johnny Mercer, Louis Armstrong, Tom Waits et originaux (pour la première fois) se côtoient en parfaite harmonie, sur fond de jazz et folk associés avec délicatesse. En dépit d’un patent manque d’audace et de quelques rondeurs confortables, difficile de résister à l’élégance et la sensibilité apaisante qui se dégagent de Half the Perfect World.
– Le site de Madeleine Peyroux.