Abd Al Malik est un slammeur doué, et récemment courroné par le prix Constantin. Champion incontesté de cette nouvelle catégorie hip-hop qu’est le slam, ce congolais d’origine issu d’une banlieue difficile de Strasbourg (on le voit parfois dans des débats sur les banlieues à la télé), a bel et bien tenu ses promesses. Comme promis donc, entre autres lors de l’entretien accordé à Pinkushion, il défend son album Gibraltar porté par un jazz band (batterie, percussions, contrebasse), Laurent de Wilde au piano et Bilal aux platines. Quelques moments forts (paradoxalement, le plus fort sera celui où il slamme tout seul, sans accompagnement aucun), un public hétéroclite plus que convaincu avant l’heure, des paroles qui collent à l’actu française (banlieues, immigration), un message peace and love qui plaît, à voir les applaudissements plus que soutenus… Oui, mais on sort de ce concert pas vraiment conquis, bizarrement. A part la reprise « Ces gens-là » de Jacques Brel, point de surprises à l’horizon. Les prestations n’apportent pas grand chose à l’original (l’album) et s’en éloignent peu finalement alors que le jazz band donnait pas mal de possibilités. Et puis une heure et un chouia c’est un peu court, non ? Du coup, son premier album passe un peu à la trappe, comme s’il n’existait même pas. On a l’impression de voir un nouvel artiste qui n’aurait à son actif qu’un album à défendre. Une petite reprise électrisante de rap aurait aussi apporté du punch à un ensemble assez gentillet. Le public, trop acquis à sa cause, est probablement pour beaucoup dans ce que nous voyons comme une indéniable absence de risque. C’est dommage, surtout devant ce même public, devant lequel finalement tout peut passer. Lorsqu’il évoquait une tournée avec des musiciens jazz, on se mettait à rêver à tout ce que cela pouvait apporter à son univers. Force est de constater qu’on est déçu, car le jazz a juste été effleuré…