Monumental, il n’y a pas de mot plus approprié pour décrire ce double album du trio space rock toulousain.
Dès son premier EP paru en 2017, Space is the Key (les amateurs de Sun Ra apprécieront le clin d’œil), le trio toulousain Slift avait déjà parfaitement tracé sa voie cosmique. La fratrie Jean et Rémi Fossat (respectivement guitare/voix et basse), Canek Flores (batterie) et leur vaisseau Space rock halluciné, nous conduisait bien au-delà des frontières hexagonales, direction les constellations lointaines, vers les sphères intergalactiques d’Hawkind, défiant l’apesanteur avec des riffs stoner massif comme le colosse de Rhodes, tout en surfant in extenso sur les explorations jazz-prog du rock choucroute.
Trois ans plus tard et un premier album salué par la critique (La planète inexplorée) le magma sonique de Slift n’a jamais sonné aussi monumental sur ce deuxième long format. UMMON est un double album (leur premier chez Vicious Circle) pétri d’ambition où rien n’est laissé au hasard. A commencer par la grandiose pochette illustrée par Caza (de la mythique revue Metal Hurlant), formidable porte d’entrée à cette odyssée Sci-Fi.
Musicalement, ce pavé est également très spectaculaire : 72 minutes taillées dans un menhir, et une véritable incitation à monter les potards sur 10. En un mot, le groupe n’a jamais sonné aussi énorme et SPATIAL. Et justement, ça tombe bien : conçu comme la BO d’un film, UMMON met en scène le voyage intersidéral de Titans vers les confins de l’espace à la recherche de leurs créateurs (on en restera là pour la trame). Ceci considéré, on peut aisément se passer des mots, l’expérience est avant tout musicale, voire instrumental.
Outre les noms cités plus haut, on pense notamment beaucoup aux pionniers Sleep, pour ces guitares ultra saturées, ces instrumentaux épiques, ces lentes marches pachydermiques à travers le cosmos – sur l’apocalyptique “It’s Coming”, tout en tension graduée, et “Hyperion”, qui se fend d’un solo de pédale Wha stratosphérique, le météoritique « Thousand Helmets of Gold » avec le chant de Jean Fossat dans un registre rageur inhabituel.
Mais aussi des plages plus pesées, tel « Altitude Lare », cérémonie païenne se déroulant sur une mer de lave, avec encore un solo de wah dantesque nageant à contre courant, batterie colossale en sus. Sur « Dark Was Space, Cold Were the Stars », on entend des choeurs extraterrestre – façon la tribus Zeuhl à Christian Vander – qui viennent à notre rencontre. En Apothéose final, « Lions, Tigers and Bears », 13 minutes à écouter au casque, en regardant l’ultime séquence trance-psychédélique du 2001 de Kubrick ou bien le final de La montagne sacrée de Jodorowsky. A la toute dernière minute, il nous semble bel et bien avoir aperçu une lumière…
Avec les bordelais de Mars Red Sky, le sud Ouest tricolore est incontestablement devenu une référence space rock/stoner à l’échelle des 1000 galaxies qui nous entourent.
2020 – Vicious Circle
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TRACKLIST :
- Ummon
- It’s Coming…
- Thousand Helmets of Gold
- Citadel on a Satellite
- Hyperion
- Altitude Lake
- Sonar
- Dark Was Space, Cold Were the Stars
- Aurore aux Confins
- Son Dông’s Cavern
- Lions, Tigers and Bears