On aimerait vous le dire entre deux yeux, face à face, tellement l’indifférence portée à l’égard de LaZarus nous est insupportable. Alors on va faire bref, car les explications les plus courtes sont souvent les meilleures : William Trevor Montgomery, autrement nommé LaZarus, est un songwriter crucial. De l’envergure d’un Will Oldham, Smog/Bill Callahan ou Mark Kozelek. On se tue à le répéter depuis le sans rémission Songs For An Unborn Sun (2003), le californien avait installé sa toile d’araignée dans un coin de notre âme. Il serait grand temps pour vous de succomber à sa morsure empoisonnée. Ces folk songs dévastées ne sont pas à la portée des coeurs fragiles. LaZarus, de sa voix caverneuse, chante comme s’il avait reçu une balle dans la poitrine, chacune de ses respirations semblent être la dernière. Après deux albums reclus et neurasthéniques, Hawk Medecine est décrit comme un effort de groupe. LaZarus n’est toujours pas guéri, mais il va mieux, merci. D’où peut-être ce soupçon d’optimisme qui vient troubler quelques morceaux et mots furtifs. Mais la mort plane toujours. C’est le fantôme de Johnny Rivers qui marche sur les tombes d’un cimetière chamane. C’est un folk désertique, crépusculaire, mystique et trash à la fois : un piano brinqueballé ambiance country-western hazlewoodien, le très mariachi “Sewest” rappelle même les desperados noirs, The Sonics. Avec “Breathe”, on croit entendre la guitare du prêcheur Josh Pearson (ex Lift To Experience) lui donner l’absolution pour qu’il puisse enfin partir. Sur “The Sky Of The Tall Sun”, c’est le ciel qui nous tombe sur la tête : sa voix s’écrase, la douleur est insupportable. Et pourtant William Trevor Montgomery tient, toujours debout. Mieux, il est en train de bâtir une oeuvre de grande envergure.
– La page Myspace de Lazarus
– A écouter également, Like Trees We Grow Up To Be Satellites (The Backwards America)