Avec le minimum (d’instrumentations) la californienne Lael Naele produit le maximum (d’émotions).

Le regard bleu et clair de la jeune californienne Lael Naele est aussi magnétique et luminescent que la douce symphonie de poche présentée sur son intimiste nouvel opus. Ce second album (après I’ll Be Your Man en 2015) est une œuvre lumineuse d’une désarmante simplicité. Cette suite précaire de petites douceurs folk et lo-fi nous remémore (toute comparaison gardée) la sortie et la découverte en février 1992 du premier album de Dominique A. La Fossette. Même économie de moyens et fort impact musical.

La première et immédiate impression qui nous saisit est le timbre de voix limpide et pure de la musicienne. La dualité atmosphère musicale minimaliste versus voix est d’une justesse absolue. Son secret : un simple 4-pistes et un basique instrument électronique l’omnichord (tantôt harpe électronique tantôt orgue constitué d’un plateau d’accords) dont la musicienne s’est entiché au début de l’année 2019.

Durant 40 minutes Lael Naele va réciter sa poésie ; les frissons ne sont pas loin. Cette suite de miniatures folk fortement épurée montre toute l’étendue de son inspiration et la justesse de son interprétation.  

Son flow musical mélancolique repose sur des arrangements et des variations de climats imperceptibles. Une succession de micro-variations d’atmosphères qui vont construire et donner à chaque morceau leur spécificité. On navigue entre folk rêveur (« Blue Vein ») – seul titre accompagné bien discrètement par une guitare acoustique et écrit avant sa trouvaille miraculeuse l’omnichord, plage plus feutrée et désenchantée (« Every Star Shivers in the Dark ») cadencée au petit trot par une séquence de boite à rythmes, ou l’éponyme « Acquainted with Night » joliment recentré sur son fétiche omnichord et ses nappes célestes.
Accompagnée à la production par le musicien de Baltimore Guy Blakeslee ils vont ensemble privilégier l’enregistrement spontané et la première prise sur leurs 4 pistes.

Globalement, un sentiment d’intemporalité affleure assez distinctement, il est vraiment exacerbé sur l’insouciant « White Wings ». C’est le point de départ d’une seconde partie d’écoute habitée de climats plus vaporeux.
La native de Virginie installée depuis une décennie à Los Angeles aime aussi communier avec la nature. « Sliding Doors & Warm Summer Roses » stimule ce sentiment ; ce bel aparté au grand air cache également en son sein un envoûtant passage de flûte.

Puis la fin du voyage va sonner le glas des rêveries nocturnes. L’ultime et  quelque peu countrysant « Some Sunny Day » va alors clairement rechercher la lumière et la chaleur.

Sub Pop – 2021

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Tracklisting :

  1. Blue Vein
  2. Every Star Shivers In The Dark
  3. Acquainted With Night
  4. White Wings
  5. How Far Is It To The Grave
  6. For No One For Now
  7. Sliding Doors & Warm Summer Roses
  8. Third Floor Window
  9. Let Me Live By The Side Of The Road
  10. Some Sunny Day