Qu’il est dur d’être de la caste des songwriters de haute volée de nos jours. Difficile de cohabiter avec des pointures de l’envergure d’un Rufus Wainwright, Sufjan Stevens, Ron Sexsmith, Ed Harcourt, le fantôme d’Elliott Smith, sans oublier les petits derniers remplis de talent que sont Mike Andrews, Richard Swift, B. C Camplight et Robert Gomez. Avec déjà une lourde poignée d’albums derrière lui, le rouquin texan David Mead entame son cinquième chapitre discographique. Honte à nous, nous n’en savions rien jusqu’ici. La faute à une distribution française inexistante, chose réparée grâce au jeune et prometteur label Minimum. Orchestré par le producteur Brad Jones (Josh Rouse), Tangerine affirme chez Mead un don certain pour les compositions sophistiquées et luxuriantes. Ce disque d’orfèvre respire les heures passées à décortiquer les ponts diaboliques d’un McCartney, les harmonies wilsonniennes de Smile (“Hunting Season”), tout en travaillant dans le miroir la classe absolue des premiers albums d’Harry Nilsson. De ce dernier, le multi-instrumentiste a retenu comment insuffler à ses symphonies de poche une bonne part d’ambigüité (cuivres, sons de fête foraine, bruitages…). Imposante paroisse baroque, les filets mélodieux qui traversent les vitraux de Tangerine donnent envie de danser et chanter le gospel (“Hallelujah, I Was Wrong”, “Reminded 1”). Quelle belle âme que voilà. Ironie du destin, ces génies de la mélodie que l’on qualifiait de trésor précieux dans les années 70, il nous paraît ne jamais en avoir eu autant en 2007. David Mead fait partie de ceux-là.
– Le site de David Mead
– Sa page Myspace
– Le site de Minimum Records