Souffrant certainement du confinement, les Johnny Mafia libèrent un bonne dose d’énergie sur ce 3ème album. Sens, toujours capitale du monde.
Plus connu pour ses fromages et son French Kiss (deux clichés se mariant pourtant peu), notre beau pays se rêve aussi en outsider dans la création musicale à base de guitares saturées. Et on ne s’en sort pas si mal ces dernières années, que ce soit dans le genre nerveux (We Hate You Please Die), virevoltant (Lysistrata), harmonieux (You Said Strange) ou cérébral (Psychotic Monks)*. Les Johnny Mafia ne rentrent définitivement pas dans cette dernière catégorie, et ce n’est pas faire offense à un groupe qui a choisi d’appeler son premier Album « Michel Michel Michel » (en référence à un sketch de François Damien), ou qui tourne un clip revisitant Mario Kart (à leur sauce) pour promouvoir une nouvelle chanson (« Sleeping »). D’ailleurs, le précédent album se nomme Princes de l’amour car ils sont fans de télé-réalité, et de cette émission en particulier. Vous avez l’esprit ? Les Johnny Mafia sont avant tout spontanés, jouent les joyeux idiots, et ont un répertoire taillé pour la scène.
Pour autant, sur album, ça remue bien, aussi. Et si la production avait passé un cap sur Prince de l’Amour, notamment du fait de leur rencontre avec Jim Diamond (White Stripes), on s’éloigne encore un peu plus du Garage Rock des débuts sur I’m Sentimental, produit par une figure locale, Kris Banel, privilégiant un son plus rond, propre, et percutant. On parle ici ou là de Pop-Punk (hum) et le groupe revendique quant à lui une influence plus importante des Pixies ou des Breeders. On est bien dans les années 90, mais personnellement on penche plus pour une humeur Neo-Punk Californien, ce qui n’est pas un mal.
Qu’importe. Principalement composés à la fin du premier confinement, on imagine que ces excités de la scène avaient grand besoin de se défouler, et « Sentimental » ne déroge pas à la règle : chaque titre privilégie la spontanéité (2’30 minutes en moyenne) et bénéficie d’un mur de guitares surboosté. On espère qu’ils n’auront pas trop à attendre pour les faire exploser sur scène, car des titres comme « Phone Number » ou « Split Tongue » feront certainement renverser quelques bières dans la fosse.
On note quelques références à leur culture Geek (le jeu video GTA avec « Trevor Philippe », « TV and Disney »), et on s’aperçoit qu’ils ont quasiment toujours le pied collé à la pédale disto, balançant systématiquement des riffs maousse costauds (« Refused », « Love me, love me »), avec un titre qui se démarque, « Sentimental », et son refrain entêtant. En attendant de pouvoir enfin repartager la sueur avec eux, on peut toujours se passer leurs lives sur la toile (on recommande « le live des Princes »), et désormais, faire tourner « I’m Sentimental », une offrande solide, qui couvrira aisément le bruit du marteau piqueur du voisin, qui a décidé de re-refaire sa salle de bain pendant cet énième confinement. Patience !
*Et aussi: Igorr, Fatima, Servo, TH Da Freak, Pogo Car Crash Control, Slift, Cathedrale… liste non exhaustive bien sûr, mais ça ne fait jamais de mal de citer quelques (très) bons jeunes groupes français.
Howlin’ Banana – 2021
facebook.com/johnnymafiagroupe
Tracklisting:
- Split Tongue
- I’m Sentimental
- Aria
- Phone Number
- Trevor Philippe
- Refused
- Love me, love me
- Problem
- TV and Disney
- No More Toes
- Nail Gun
- Ushuaïa
- On My Knees