L’accent écossais n’a jamais été aussi beau…


Sur un planisphère musical, difficile de placer The Twilight Sad, tant leurs influences semblent poindre autant du côté de l’Amérique du Nord (Wolf Parade, Arcade Fire, Swan Lake, Rogue Wave, Explosions In The Sky) que du Vieux Continent (Mogwai). En revanche, d’un point de vue rigoureusement géographique, c’est tout de suite plus aisé. L’accent ténu du chanteur James Graham, qui fleure bon les vertes prairies des Highlands, nous saisit dès les premières minutes de Fourteen Autumns and Fifteen Winters. Il hâche les mots menus et roule les « r », assumant un accent que la plupart cherchent d’habitude à cacher (Franz Ferdinand ou Belle & Sebastian par exemple). Donc The Twilight Sad vient de Glasgow, ou plus exactement des alentours de Glasgow, et en est fier.

A la vue des références énoncées plus haut, vous l’aurez compris, c’est du côté du post-rock que les membres de Twilight Sad viennent vagabonder. En neuf morceaux, le quatuor bâtit un édifice de sons et de sens, sachant toujours laisser entrevoir de poignantes mélodies qui expriment bien souvent les meurtrissures d’une adolescence bafouée, toujours au centre du propos. D’où le titre : Fourteen Autumns And Fifteen Winters. « I’m 14, and you know/That I’m looking the wrong way », annonce Graham dès le début de “That Summer At Home I Had Become The Invisible Boy”. A cet âge-là, on ne le sait que trop. Et il nous conte ensuite, dans un élan bruyant de catharsis, l’histoire désarmante de ce pauvre ado. De morceau en morceau, Graham nous livre une démonstration magnifique de chant, portant sa voix sur des chemins bien différents. Il paraît tantôt en colère, tantôt désabusé, parfois reprenant espoir.

Mais c’est souvent la frustration qui prédomine, et ce dès le premier morceau, “Cold Days From The Birdhouse”, avec une phrase magnifique : « And so you make it your own/ but this is where your arm can’t go » serine le refrain, avant de laisser les guitares se distordre et user comme d’un autre cri. Les chansons empruntent souvent la même structure : mélodies en boucle avant l’explosion sonore du refrain, conciliant les accents mélodiques d’un Mogwai à un post-rock puissant.

En neuf plages, The Twilight Sad nous aide à rêver et ça n’a pas de prix. Même avec un accent.

– La page Myspace de The Twilight Sad