Trois ans tout juste après l’e-folk savoureux de Crumble, quelles nouvelles merveilles pouvaient bien nous sortir Stéphane Garry de sa Pokett surprise !? Entre-temps, le mélodiste parisien a rejoint la team d’Active Suspension dont il était déjà plus que familier, notamment en tant qu’ingénieur du son de l’impossible pour les têtes chercheuses Domotic et Davide Balula. Ayant rejoint leur rang, on pouvait s’attendre sur ce second album à une protubérance de triturages nerds sur fond de folk apaisé. Que nenni ! Peak arpente le versant pop de Crumble avec comme mots d’ordre architecture mélodique rigoureuse et arrangements à foison. Pokett embrasse les teintes mélancoliques avec un goût sûr. Cette voix qu’on n’oserait brusquer se pose délicatement sur des pop songs audacieusement habillées. Et ne parlons même pas de sa dextérité dans l’harmonie : sa rutilante ouverture au piano fait de l’ombre à Ben Folds. Et que dire d’“Anything Today”, certainement l’une des plus belles mélodies à son actif, qui résonne en nous comme du Red House Painters épanoui. Seulement, avec neuf titres, l’album paraît paradoxalement un peu long. Difficile à expliquer, certaines compositions auraient peut-être gagné un peu en folie, à l’instar d’“If You Ever” et sa grosse montée en charge de distorsion. On ne remet nullement en cause la belle errance wyattienne, “Follow”, qui s’étire sur plus de huit minutes, sublime. N’oublions pas les interventions remarquées de quelques fidèles de l’aventure précédente (Stéphane Laporte de Domotic, Sandrine Boyer, Laurent Vaissière de Paloma) sur les crédits ainsi que quelques belles voix du folk alternatif français Cyann (Cyann & Ben), Kumi Okamoto (The Konki Duet). Malgré un sentiment un peu mitigé sur la seconde partie du disque, Stephane Garry nous met encore dans sa poche en un rien de temps (décidément…).