Lonah bricole. Bricole les sons, les voix, les instruments. En fait, Lonah assemble surtout. Car les membres du groupe produisent chacun dans leur coin puis enchevêtrent, amalgament l’ouvrage de chacun. Et cette petite entreprise parisienne a livré, après Les Pièces, premier opus autoproduit en 2005, Au Fond Du Temps. Un édifice donc, qu’on aurait bien du mal à glisser dans une catégorie, certainement en raison de cette méthode de travail bien particulière. Du trip-hop parfois, du rock tantôt, beaucoup de mix sûrement. Au Fond Du Temps débute par “Aurore”, intro aux sonorités aiguës et probante mise en bouche. Raphaëlle Fortier fait du chanté-parlé comme dans une radio usée, dans un vieux micro épuisé et cela peut rappeler par exemple le début de “The Sea Is Calm” de Cocorosie. Puis l’édifice se lézarde, déjà, avec “Mornings” qui met à jour l’un des défauts les plus évidents de Au Fond Du Temps. Un clavier entraînant, mais la voix de Raphaëlle est étouffée par une orgie d’instrus et négligée par une redondance rythmique. Retenons tout de même “With My Mind”, montée en puissance rock et jazzy ou “Une Nuit” et son piano entêtant, qui trouble mais régale. Pour le reste, les artifices sonores sont trop nombreux et en deviennent lassants. Ce qui fait le charme d’une distorsion, d’un effet de voix, c’est bien sa rareté, qui aide à la relance d’un morceau. L’omniprésence gâche, ne surprend pas, n’étonne plus. L’album s’achève sur une catastrophe, “Les Droïdes Aussi Ils Font La Fête”, qui peut donner une idée de ce que serait, de nos jours, Jean-Michel Jarre mixant la BO de La Soupe Aux Choux. Effrayant. Vu l’entreprise multi-personnelle, nous ne pouvons nous empêcher de sortir la rengaine: « écoutez, vous vous ferez votre idée ». La nôtre, c’est qu’Au Fond Du Temps, malgré un travail important, est tout simplement vain.