Immergé jusqu’aux racines des cheveux dans l’inoubliable Fantaisie Militaire de Bashung, Vincent Ludéal livre, sur ce premier album, une musique d’une délicatesse rare. Certes, on a vu des débuts plus difficiles puisqu’y ont contribué entre autres Jean-Louis Piérot (ex-Valentins, et surtout un des artisans de Fantaisie Militaire), Frédéric Lo ( Daniel Darc) et Renaud Létang (Manu Chao, Feist), autant de bonnes fées aptes à faire du premier tocard à guitare venu chantant le dictionnaire la nouvelle star absolue. Mais ce serait enlever bien trop de crédit au talent évident de Ludéal à écrire des chansons impeccables. Sous leur classicisme élégant, on y trouve une écriture cinématographique, onirique, et même régulièrement sarcastique. Il faut laisser le temps filer et les écoutes successives oeuvrer pour en apprécier toutes les qualités. Thèmes personnels ou universels, chansons à tiroirs, jeux de mots, introspection, pas de doute, l’univers du grand Alain a laissé des traces indélébiles dans l’esprit du jeune éphèbe. Mais ce dernier a suffisamment digéré l’influence de son maître à penser pour confronter sa plume racée et sans concession à un public forcément sur ses gardes. D’autant que les compositions soutenant des textes intelligents tiennent la dragée haute à bon nombre de ses contemporains. Certes, l’équipe de francs-tireurs qui l’entoure a forcément beaucoup contribué à la majestuosité de ce disque court (une grosse demi-heure), mais son sens de la mélodie, son goût pour les arrangements en clair-obscur et son chant tout en retenue lui confèrent une maturité étonnante pour un premier effort. Ludéal est d’ores et déjà un jeune prétendant à suivre de très près.
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