Il est des invitations qui ne se refusent pas. Quand le Magicien Daz-Ini harangue les foules, « plante le décor », puis les convie à écouter son hip-hop groovy, fier et exigeant qui « magnifie la vie » et défend « d’autres saveurs, d’autres couleurs », on est priés de le suivre, sans ménagement. Premier album, premier coup de maître pour ce MC expérimenté, ancien membre du collectif Force Pure, auquel il rend une sorte d’hommage sur l’intense morceau “Ma force pure”. Plume affûtée et flow assuré, Daz-Ini se présente avant tout comme un « artiste » et dit n’avoir « rien à prouver ». Rappeur intelligent et sensible, il ne martèle pas une singularité acquise patiemment avec l’expérience. Epatant, son hip hop l’est d’ailleurs moins pour la place qu’il revendique (située hors du tout-venant du rap hexagonal, pour aller vite) et le bagage politico-discursif dont il se fait l’écho (Rocé lui damne le pion sur ce terrain-là) que dans sa manière de s’approprier des codes usités et de s’en affranchir avec décontraction. Entre le poing du résistant et le sourire de l’amuseur public Daz-Ini ne choisit pas, préférant alterner les casquettes et endosser les rôles sans se complaire dans l’un ou l’autre. De ces tours de passe-passe et cette agréable versatilité découlent un album plein (de mots, de sons, d’orientations stylistiques, de références, d’invités), où le léger bien pensé, le fin terre à terre (le pas si cul-cul et franchement drôle “Si tu me quittes je te tue”), le dispute au sérieux et à la gravité (“Ma poésie s’écrit avec du sang”). Un tel nivellement par le haut (rien n’est laissé à la médiocrité dès lors qu’on s’applique à le mettre en musique convenablement) procède d’un choix politique (mettre sur un pied d’égalité ses idées pour les faire dialoguer) de jouer les candides circonspects, attentifs à toutes les disparités du monde, plutôt que les donneurs de leçons patentés.
– Le site de Label Rouge
– La page Myspace de Daz-Ini