On savait la patrie de Pasolini vénérable vivier post-rock (Port Royal, French Teen Idol…), on ignorait – agréable surprise ! – qu’elle recelait quelques irréductibles dévoués à la sainte cause pop anglo-saxonne, et le chant avec s’il vous plait. Déjà debout depuis 10 ans, les italiens d’…A Toys Orchestra, emmenés par son chanteur Enzo Moretto, mériteraient mieux que traverser les Alpes sous un tunnel, et pourraient prétendre à une carrière internationale. Intrinsèquement, rien ne distingue leur pop sérénissime de celle élaborée par The Thrills ou Electric Soft Parade… Ce troisième album, admirablement produit par le californien Dustin O’Halloran de Devics (protégé de Bella Union), met en lumière une écriture soignée, alternant piano noir chagriné et guitares électriques émoustillées, le tout nimbé d’arrangements en « technicolor » : subtiles bribes électroniques ici et là, un accordéon, un harmonium… Si les fondamentaux pop ne sont pas trop bousculés – à savoir des refrains sincères qui donnent le vertige – le maestro Moretto connaît par coeur la recette pour faire monter la chantilly. Avec en premier lieu “Invisible”, une ballade au piano écorchée qui va crescendo, qui aurait pu être propriété d’un Ed Harcourt si libéré de l’emprise de Brian Wilson. On se délecte autant d’un “Bug Embrace”, remarquable de retenue, ou encore d’un fébrile “Technicolor Dream” en duo avec la Prima Donna Ilaria d’Angelis… Le rock bricolo mais pas trop de “Ease Off The Bit » ramènera immanquablement au bon souvenir de Grandaddy. Pas de coup d’état à l’horizon, mais la belle âme de …A Toys Orchestra donne envie de se lover dans les creux accueillants de ses mélodies. L’Italie tient son Fugu, et c’est du sérieux.
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