« La musique, c’est du bruit qui pense » alléguait Victor Hugo dans les Fragments. Eh bien, les Infadels, qui n’en avaient peut-être pas la prétention, ont cessé de faire penser le bruit pour leur album sophomore. Intéressant sans être transcendant il y a deux ans lors de la sortie de We Are Not The Infadels, le groupe s’est embourbé dans une mélasse formatée pop-rock FM avec Universe In Reverse. We Are Not The Infadels, lupanar musical, avec orgie de sons, de claviers, de riffs tellement évidents qu’on n’y pensait même plus, était un album satisfaisant, putassier et tout latex invitant à la jouissance rapide et immédiate. Les titres catchy “Jagger ’67”, “Can’t Get Enough”, “Love Like Semtex” avaient des airs de Razorlight de dance-floor, ou de The Rapture délardé. De quoi tendre l’oreille à la deuxième production des Londoniens, showmen frénétiques (trois-cents concerts en trois ans sur trois continents) même si l’on sentait le groupe proche de basculer de l’autre côté de la barrière, rejoignant des formations ayant elles aussi franchi le Rubicon, tel Muse. Le pressentiment était bien justifié. Pour Universe In Reverse, qui n’a rien de renversant, les londoniens lissent leur grandiloquence, assénant au visage de l’auditeur des tubes pompiers d’où rien ne dépasse. Tout est trop propre, trop attendu. Les mélodies structurées — “Circus Of The Mad”, “Play Blind” –, aguichantes à la première écoute (et pas bien plus longtemps), ne compensent pas la nunucherie des paroles, la monotonie des compositions, sans parler des intrusions niaises comme “Don’t Look Behind You”. Comme le braille Bnann Watts sur le morceau “Make Mistakes” : « We all make mistakes from time to time ». Tu l’as dit bouffi.