Nouvelle preuve d’une activité souterraine grouillante en France, Pollyanna semble débarquer de nulle part et a pourtant pas mal bourlingué avant d’en arriver à ce On Concrete tout en suavité. Isabelle Casier, chanteuse et fondatrice du projet (elle incarne même Pollyanna seule pendant ses quatre premières années d’existence), a trempé sa plume aux côtés de Françoiz Breut et ouvert pour Dominique A, Diabologum ou encore Sleater Kinney à la fin des années 90, soit pas exactement des amateurs. Depuis, elle joue avec David Lopez, guitariste érudit et au style transversal qui a su apporter à l’écriture ciselée de la jeune fille une profondeur musicale rare — qui les amènera à côtoyer Wilco, Bright Eyes ou Syd Matters. Globalement semi-acoustique, ce deuxième album après Whatever They Say I’m a Princess en 2004, se déguste pour mieux laisser éclater ses mille saveurs au calme, loin des tracas du quotidien. La voix discrète et maternelle de la chanteuse dépose délicatement des textes à la poésie matinale sur des draps de six-cordes mordorés. Toute la finesse de cette musique réside dans ce subtil mariage d’un chant délicat et de guitares tantôt pointillistes tantôt fauves, mais jamais bavardes. Le violoncelle de Léa Le Meur ajoute, ici et là, une solennité qui n’a rien de prétentieuse à la tonalité douce-amère de l’ensemble. On Concrete se révèle ainsi au gré du temps et au fil des écoutes, doucement mais sûrement, abattant une à une les briques des réticences que nous pourrions opposer à un nouveau groupe français d’obédience folk — sérieusement échaudés que nous avions été par la double embrouille Moriarty/The Dø, à peine rassurés depuis par Cocoon ou Amélie. Pollyanna convainc par sa sobriété et une certaine maturité qui transpire à chaque note. Joli coup.
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– Lire également la chronique de Whatever they say I’m a princess (2004)