Se jeter dans le rock pour un jeune groupe est une décision qui découle forcément de l’influence musicale de la discothèque parentale. Et là, pour les prétendants, deux options se présentent : soit crier un énorme « merde » de répulsion et tomber dans une bonne rébellion post-ado, soit rendre un hommage appuyé à la culture des géniteurs en puisant allègrement dans l’héritage et veiller à toujours avoir la raie bien au milieu. Les premières notes de l’introductive “Colorful Revolution” ont l’immense avantage de définir de quel côté du choc des générations The Redwalls se positionne : avec cette intro littéralement pompée à “Ob La Di Ob La Da” des Beatles, l’expression honhy tonk glissée dans le texte, dite de manière forcément beaucoup moins excitante que par Mick Jagger et le tout chanté avec la diction traînante de Bob Dylan en 1964. Inutile de détailler tous les clins d’oeil et autres imitations, Universal Blues tourne autour de ce concept d’hommage ultra-respectueux aux 60’s anglo-saxons. Autant dans le principe on peut comprendre au milieu d’une discographie pléthorique, autant sur un disque tout entier d’un jeune groupe méconnu, cela relève du bidonnage intégral, ou de l’inconscience la plus totale. En France on se fade déjà l’horrible Laurent Voulzy, inutile d’en rajouter avec ces chicagoans. Les frères Buren et leurs complices ont pour eux de composer judicieusement avec les codas qu’ils ont ingérés à la perfection, il faut leur reconnaître cela. Mais la pilule ne passe pas, une seule pulsion envahit l’auditeur à l’écoute de cette galette, se jeter sur Revolver, Highway 61 Revisited ou Sticky Fingers. Universal Blues ne s’adresse donc qu’à ceux qui ont la flemme de se plonger dans le passé, ou bien à ceux qui pensent que la musique s’achète dans les stations services des autoroutes hexagonales. L’arnaque du mois après Recollection de l’autre — sans son mercantilisme vomitif toutefois.
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