Fiers de leurs joujoux, les cul-terreux ont acheté des brodequins et descendent en ville jouer les jolis coeurs. Mauvaise pioche, les groles sont bien trop grandes pour eux. Arrive ce qui doit arriver en pareille situation : l’accident bête et brutal, le faux pas impardonnable.
Il est de ces options artistiques que nous ne comprendrons décidément jamais. Comment expliquer que les Kings Of Leon, superbe quatuor sauvage, sec et bravache, et bénéficiant d’une notoriété largement rentable, se tourne à ce point vers une musique mainstream basique, sésame indispensable devant les stades du monde entier mais terrible poche à eau dans une (courte) discographie jusque là impeccable ? Comment pondre un disque aussi inconsistant que ce Only By The Night à peine un an après un Because Of The Times monumental ?
D’abord, l’adage « on ne change pas une équipe qui gagne » a tout faux ici. Mêmes musiciens, même producteur — Angelo Petraglia — que d’ordinaire, et pourtant rien de ce qui fit des KOL ce groupe si excitant dans son classicisme ne ressort ici. Ce qui frappe dès les premières mesures de “Closer”, c’est ce son dégoulinant que l’on n’avait plus entendu ailleurs que dans les disques de U2 — “Use Somebody”, piètre imitation des dernières bouses des Irlandais — ou Muse ces cinq dernières années, autant dire pas exactement le summum de la finesse. Platrage d’autant plus exaspérant que la voix, pourtant si particulière, de Caleb Followill se perd complètement dans cette reverb baveuse. Et cette production de paillette vrille de plus en plus le tympan au fur et à mesure que le disque avance. On est bien loin du son chirurgical, digne des plus grands westerns, des précédents albums.
La déception ne s’arrête pas là, ce serait même un moindre mal. Car ce qui fait le plus défaut à Only By The Night ce sont tout simplement des chansons dignes de ce nom. Peu d’idées mélodiques, des refrains qui s’étirent en longueur, des paroles d’une inanité abyssale — consternante “Manhattan” –, et des soli de guitares écoeurants de guimauve pour camoufler un vide créatif sans précédent. Sans parler des cloches proprement grotesques de “17”, annonciatrices d’une plaisanterie de mauvais goût. Inutile de décliner toutes les horreurs livrées ici, retenons ceci : Only By The Night parvient à nous faire oublier la récente grosse déception que fut Vantage Point de dEUS, ce qui n’est pas le moindre de ses exploits.
Soyons toutefois beau joueur et n’oublions pas trop vite que KOL nous a offert des moments de rock’n’roll jouvanceux parmi les plus bêtement jubilatoires, et sauvons de ce marasme quelques titres. On choisira d’abord “Sex On Fire” pour sa rythmique qui risque fort d’incendier les futures scènes visitées. On sauvera à la rigueur “Reverly”, ballade sympathique comme un cataplasme de fortune sur cette plaie béante. Et dans un dernier sursaut de charité, on tendra la main à “Notion” ou Caleb feule enfin. Mais pas de quoi grimper au rideau.
Pour le reste, entre plats en sauce froids et immondes recettes industrielles, Only By The Night est d’ores et déjà un disque à oublier. Assurément en pôle position dans les bêtisiers de l’année 2008 — pourtant déjà bien chargés.
– Leur site officiel