Troisième enregistrement de Carla Bozulich paru cette année (après Hello, Voyager et Unrock Instore Gig Series Volume 4), Dandelions On Fire la révèle sous un jour plus serein et éprise d’une americana dévoyée, ou à tout le moins déviante. Plus exactement, cet album est à mettre à l’initiative du guitariste milanais avant-gardiste Simone Massaron qui, pour son second opus, a souhaité inviter l’Américaine, chansons sous le bras et gorge déployée aux premières loges. Pour un résultat une nouvelle fois des plus enthousiasmants. On pourra être surpris, de prime abord, eu égard aux passifs respectifs des deux protagonistes principaux (accompagnés ici d’une section rythmique impeccable), de trouver sur Dandelions On Fire des titres plutôt classiques, comme la ballade bluesy éponyme, le morceau countrysant “Love Me Mine”, celui jazzy « The Getaway Man », ou encore la chanson folk « Here in the Blue », que n’aurait sans doute pas reniée la formation de Howe Gelb, OP8, tous superbement maîtrisés mais presque dans la retenue. À côté, le sombre « Never Saw Your Face » liminaire, le blues cathartique « Five Dollar Lottery » et les psalmodies emportées de « Baby, You So Creepy » ou « I Saw Him » rappellent combien Bozulich et Massaron excellent dans leur domaine respectif : quand elle déploie un chant plaintif sans entrave qui puise au fin fond de tourments intérieurs, lui improvise avec sa guitare électrique ou son banjo un environnement sonore tout aussi viscéral et torturé. L’alternance des deux univers (apaisé/classique et fiévreux/noisy-rock) parvient en fait à un équilibre réjouissant où chaque orientation, plutôt que de se développer aux dépens de l’autre, se voit au contraire renforcée par cet effet de dichotomie. À l’instar des deux faces d’une pièce de monnaie tournoyant sur elle-même, le jour succède à la nuit, et inversement, dévoilant deux artistes taraudés en pleine possession de leurs moyens.
– Le site de Orkhêstra