Sur ce second album en duo sorti cette année, après Zufall enregistré en compagnie de eRikm, le saxophoniste Akosh Szelevényi (bien connu des amateurs de Noir Désir, Bertrand Cantat ayant pleinement participé à sa découverte au milieu des années 1990) retrouve dans le cadre de l’Olympic Café la contrebassiste Joëlle Léandre, avec laquelle il avait déjà dialogué sur Györ (2005). Des retrouvailles, donc, placées sous le signe d’une connivence tout aussi éclatante qu’émouvante qui s’improvise moins qu’elle ne se reconfigure à l’aune de nouveaux périls. Deux musiciens, et le danger comme point de mire autour duquel tourner, telles deux solitudes liées par un commun désir de faire Kor. Mouvement vers l’intérieur, d’abord pour convoquer cette animalité tapie en soi, avant de s’en remettre à ses propres puissances de soulèvement, son instinct, sa voix, son chant pour s’en extraire (la viscérale “Part 2”). Mouvement, également, vers l’extérieur, dépli d’intimité en direction de l’autre qu’il s’agit de rencontrer (comme sur “Part 4” où les vibrations déclinées à l’archet et les sonorités fuyantes de la flûte composent un tapis nuancé de timbres), voire porter (très beau “Part 7”, en conclusion, où le souffle rythmé de Léandre induit le lyrisme contenu d’Akosh S.). Surtout mettre l’écoute au centre de l’exposé pour mieux s’entendre (l’introductive “Part 1”, dont la longueur autorise l’alliance en douceur de deux identités qui cheminent au gré des fluctuations d’une mélodie à tracer). De l’écoute à l’entente, élan de l’un vers l’autre, l’un ne pouvant se développer sans l’autre, le disque d’instiller décalages et lignes de partage, en sept actes, forcément mouvementés. À la fenêtre d’une Europe de l’Est fantasmée, à la fois retrouvée et perdue, dont le souvenir infuse cette musique du partage, court un vent de liberté qui n’en finit pas de briser ses rêves, s’évanouir, pour mieux réinventer sa course.
– Le site de Joëlle Léandre
– Le site de Akosh S.
– Le site de Leo Records
– Le site de Orkhêstra