On savait l’australien excentrique Luke Steele capable, sous l’identité Sleepy Jackson, de quelques fulgurances en matière de pop châtoyante. Seul problème, le songwriter avait une sérieuse tendance à gaver ses jolies mélodies d’anabolisants symphoniques et arrangements dopés au baroque, west-coast, new age… Ce trop plein d’ambition n’est pas une tare en soi, mais n’est pas Phil Spector ou Jimmy Webb qui veut… Heureusement avec Empire of the Sun, cette touche exubérante s’arrête à cette couverture lucasienne, à des milliers d’années lumières du bon goût, et fièrement assumée. Sur le plan audiophile, ce duo co-piloté avec son compatriote Nick Littlemore (actuel Pnau et officiant précédemment dans Teenager avec Pip Brown alias Ladyhawke), semble procurer à l’écriture de Steele quelques leçons de modestie bienvenue. Walking on a Dream distille un cocktail electro-pop retro-futuriste, avec une obsession fixe pour la décade eighties et ses échos de guitare stratosphérique et ses nappes de synthés « vas-y que je te glisse du gel Slime sur ton clavier ». Bien qu’attribué d’une production moderne truffée de gadgets clignotants, Walking on a Dream laisse agir un certain charme analogique artisanal — cette boîte à rythme au tempo monolithique qui parcourt ainsi tout l’album. La voix haut-perchée, mutante, de Luke Steele surjoue délicieusement d’emphase sur quelques hits en puissance capables de détrôner MGMT des charts disco : l’inusable “Walking on a Dream”, “Standing on the Shore”, “Half Mast”, “We Are the People”. Dommage que l’album décline rapidement à mi-parcours — est-ce l’ironie dite du Déclin de l’empire ? L’ex-camarade néo-zélandaise Ladyhawke tient sans aucun doute mieux la distance sur son premier album truffé d’hymnes pop digitales. Mais, pour les trois ou quatre missives énoncées plus haut, Empire of The sun fait un parfait Tears Fo Fears de l’an 3000.
– Le Myspace Empire of the Sun
-Site officiel
– Lire également la chronique de Sleepy Jackson – Personality, One Was A Spider, One Was A Bird