Du danger des références pesantes, les trois jeunes premiers qui composent Revolver n’en ont cure. Prenant pour nom le titre d’un des albums essentiels du Fab’ Four, Ambroise Willaume, Christophe Musset et Jérémie Arcache déclinent à l’envi leur passion pour une certaine époque de la pop music sur ce premier album au titre évocateur. Et pas la moindre, celle des années 60, ni plus ni moins que la fondatrice. On voit d’ici le concept casse-gueule par excellence : rendre hommage aux Beatles, aux Beach Boys ou aux Kinks quand on sort d’une école de musique francilienne dans laquelle on y a essentiellement étudié l’art du menuet. Grand écart irréalisable sur le papier. Pourtant Music For A While est une bien jolie surprise. Les trois jeunes complices ont mis leurs cours d’harmonie au service d’une écriture qui donne l’impression de couler de source. Ces trois-là ont la pop qui circule dans leurs veines et semblent ne jamais souffrir devant une feuille de papier à musique. L’art et la manière de conjuguer vieille recette et idées fraîches, ou quand l’éternelle construction couplet/refrain ne pèse pas plus qu’une plume. Petites ritournelles ou gros calibre, pas de limite et pas de doute. On prend plaisir à retrouver ce qui fit le charme des albums les plus courus d’Elliott Smith ou l’audace historienne des grands singles de Travis. Ainsi, Revolver vient grossir la troupe de plus en plus intéressante de ces groupes français qui ont le regard tourné plein ouest/nord-ouest, tout en troussant des albums parfaitement aboutis, aux côtés de Kim Novak, Maarten ou Pollyanna chacun dans leurs styles. Et ils démontrent en outre que l’académisme, quand il est mis au service d’un vrai savoir-faire créatif, n’empêche en rien le plaisir que l’on ressent à écouter cette pop en col Claudine. Incontestablement le disque frenchie le plus attachant de la saison.
– Leur MySpace de chambre