Même si on a souvent pensé que les albums de Mark Nelson évoluent dans une relative homogénéité, il n’en reste pas moins que le musicien américain, guitariste du Labradford, groupe depuis très longtemps silencieux, expose sa sensibilité sous différentes formes qui oscillent entre un songwriting léger et décors ambient. Or si ce battement présente en partie l’histoire de ses paysages sonores depuis maintenant une dizaine d’années, White Bird Release apparaît comme un mélange de toutes les voies que le musicien a exploitées auparavant. Le dernier opus possède à la fois la quiétude frappante de Quiet City (2004) — comme par exemple sur “There Can Be No Thought of Finishing” lors de l’ouverture –, et l’aspect organique du For Waiting for Chasing (2006), tout en exposant un équilibre rare, bercé par des palpitations profondes (“How Much Progress One Makes”, “In a Letter to H.G Wells, 1932”). Si la plupart des morceaux se déploient dans un minimalisme usuel, l’intensité y apparaît comme un élément central : entre l’apparition et la disparition, la faiblesse et la puissance, l’horizon sonore se place toujours dans une dynamique à la fois expansive et pénétrante. White Bird Release est un mouvement discret, possédant une élégance dépouillée et fulgurante.
– La page de Pan•American sur le label Kranky
– En écoute: “There Can Be No Thought of Finishing”