Si le nom d’Aluk Todolo renvoie à une religion primitive indonésienne, on ne s’étonnera pas de voir dans la musique de ce trio français composé d’AH à la batterie, SR à la guitare et MC à la basse, un objet que l’on plonge dans la couleur funéraire, un errant aveugle cherchant à dessiner les contours d’un monde indéfiniment obscur. Aluk Todolo constitue une formation musicale que l’on peut qualifier de « classique » quant au choix des instruments dont le jeu renvoie à un univers profondément archaïque, évoquant le rituel et la transe, un monde de passage. Si une frappe régulière dirige l’écoute, la nature du rythme se transforme au fur et à mesure, donnant à voir une ouverture vertigineuse malgré les battements rigides. Ces derniers qui sont de simples pas pour s’orienter au départ, deviendront par la suite des coups pour ouvrir, pour fendre l’obscurité. Quatre mouvements s’articulent autour d’un centre appelé “Totalité”, une sorte de transition lourde entre deux élans et qui constitue le cœur de l’album. Evanescente et ponctuelle au commencement, la guitare affirme une réelle présence dans les “Troisième” et “Quatrième Contact” où la véritable profondeur se fait entendre : en repoussant le seuil de l’intensité, le rythme y devient frénétique, sans pour autant changer de cadence. Quand tout cela se dissipe à la fin et que le calme revient, l’oreille errante est étourdie car elle vient de traverser un abîme. Finsternis d’Aluk Todolo n’est qu’un des chemins possibles qui mène à un monde sans nom où le geste du musicien consiste à organiser l’anarchie, à faire coexister le connu avec l’indéfini, l’inachevé.
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– En écoute: “Quatrième contact”