Le label américain Words on Music ne nous avait pas habitués à une telle préciosité. A l’écart des guitares angulaires post-punk de ses camarades d’écurie (For Against, The Meeting Places…), les harmonies pop lustrées d’Almost Charlie résultent de la correspondance musicale entre le multi-instrumentiste berlinois Dirk Homuth et le parolier new yorkais Charlie Mason. Si ce duo virtuel ne s’est, à ce jour, jamais rencontré, la complicité qui naît de ce premier album n’en demeure pas moins exceptionnelle. Nous avons incontestablement affaire à des amateurs de belles choses, des esthètes de l’harmonie sixties, parangon d’une pop orchestrée à dominance piano. Une très jolie surprise donc, à ranger fièrement au côté du noble — mais méconnu — mobilier de BC Camplight et David Mead. The Plural of Yes est à la hauteur des ambitions lettrées affichées, tant l’écriture rivalise d’ingéniosité dans ses orchestrations de chambre et dans l’élégance du songwriting. Si cette vision sophistiquée se veut reine, Almost Charlie sait semer quelques refrains supérieurs non sans une aisance désarmante — la limpidité mélodique de “Love Condensed” et les suprêmes montées d’archets sur “The monster and Frankenstein”. On pense souvent aux illustres pionniers The Left Banke, ou encore à The Go-Betweens dans leur versant ballades automnales (“For The Both Of Us”, renversante de grâce). Et dire qu’après ce bouquet de merveilles, le meilleur est réservé pour la fin : “The Plural of Yes”, ballade fragile et aristocratique comme une porcelaine, franchement proche du grand prince Nick Drake. Cette noblesse-là a le rare don du partage. Comme il est écrit sur la première plage, « Everyone deserves to love », chacun mérite d’aimer Amost Charlie.
– Page Myspace
– Almost Charlie sur le site du label Words on Music
– A voir et écouter : « Love Condensed »