Firekites est un projet pour le moins iconoclaste et riche des ruisseaux qui le composent. Réunissant des membres de The Charge Group — groupe à la pop oisive et élégiaque –, Pivot — équivalent australien de Battles — ou The Herd — célibrité locale de hip-hop –, le groupe emmené respectivement par Rod Smith, Jason Tampke et Tim McPhee délivre un mélange acidulé et irréel de folk piquée de picking. Lorgnant vers les dialogues de six-cordes chers à Kings Of Convenience et chantées du bout des lèvres comme un Nick Drake heureux, les chansons de Firekites sont toutes de petites pièces satinées dont la seule volonté serait d’être ailleurs que là. La musique de Firekites ne s’écoute pas, elle investit l’inconscient afin de lui offrir les doux effets d’une usine à rêve. La mélodie intemporelle et moëlleuse de “Last Ships” en ouverture est la promesse d’un voyage hors de soi. C’est notamment quand Jane Tyrrell s’empare du micro que la sensation d’irréel happe l’auditeur et l’emmène flotter avec lui par dessus une humanité trop occupée à se regarder le nombril pousser. A priori insignifiant, The Bowery se révèle progressivement, s’ouvrant au monde comme une fleur écarterait ses pétales au rythme de la fabrication des gouttes de rosée. Et ce n’est qu’à condition de poser son regard et son attention, de se déconnecter de ses petits habitudes que l’on peut savourer pleinement le charme évanescent et hors du temps qui se dégage de ce bel album. Et un fois encore, le label Own Records continue, sans bruit et sans faute de goût, à creuser un peu plus son sillon si loin du tout venant pop-folk. A savourer en toute intimité.
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