Dernière recrue du label ATP Recordings (The Drones, Built To Spill, Deerhoof…), ce précoce sextet californien (24 ans de moyenne d’âge) maîtrise déjà sur le bout de ses ongles noirs son petit lexique du rock cosmique côte-ouest. Tel un cousin américain de Black Mountain, réécrivant les tables de la loi psychédélique à grands coups de burin stoner rock et d’émanations folk nauséeuses. Leur premier album, Embrace, était d’ailleurs produit par John Collins, qui a oeuvré pour les sommités de Vancouver. Difficile alors de résister à la filiation avec le collectif canadien de Stephen McBean, tant Sleepy Sun contient également en son sein un duo vocal séminal : Bret Constantino et Rachel Fanans. Ce second album s’ouvre sur “Marina”, péplum rock métaphysique de six minutes galvanisé par des guitares fuzz pesantes, contrebalancées par de majestueux vocaux aériens. Dès lors que les amplis électriques refroidissent, le collectif s’enfonce dans une mise en abyme folk et des errances americana crépusculaires : hallucinations chamaniques (“Open Eyes”) et forces mutiques inquiétantes (“Acid Love” et son imposant mur de drones). L’un des principaux atouts de Sleepy Sun repose sans conteste sur l’ensorcelante Rachel Fannans, dont le grain fêlé et emporté, évoquant Janis Joplin, sort un peu des clichés pluvieux des sirènes dream pop (« Desert God », et le final étonnamment soul « Sandstorm Woman »). Profondément onirique, voire cauchemardesque, Fever se drape d’une réverb stratosphérique comme savaient autrefois en installer les premiers albums nostalgiques de My Morning Jacket, en pernicieusement plus malsain tout de même. Rétrograde et hypnotique.
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– Sleepy Sun Live Concert @ Botanique Brussels (decembre 2009 :