Qui d’autre que Dean Wareham aurait pu mettre en son les portraits filmés d’Andy Warhol issus de la période Factory ? Lou Reed bien sûr, mais hors du clan warholien, l’ancien leader de feux Galaxie 500 et Luna, s’imposait naturellement en tête de liste. Car du temps de ses deux illustres formations, ou encore aujourd’hui en duo avec sa muse Britta Phillips, le songwriter new-yorkais n’a jamais caché son obsession pour le Velvet Underground. Aussi, ses 13 Most Beautiful Songs…, une commande du musée Warhol de Pittsburgh, ont été spécialement composées pour accompagner sur scène 13 screen tests réalisés par le pape du pop art. Sélectionnées entre 1964 et 1966, ses séquences sur grain noir et blanc immortalisent Lou Reed, Edie Sedgwick, Dennis Hopper, Nico et bien d’autres (futurs) icônes gravitant autour du cercle de la Factory. Après une tournée en 2009 donnée dans des musées et autres lieux atypiques — dont un captivant concert donné dans l’enceinte sacrée de l’église St Eustache de Paris –, il nous tardait d’entendre les versions studio de ses chansons, un DVD live étant seulement disponible jusqu’ici. Et de réaliser, à l’écoute de ce disque harmonieux, que nous n’avions pas entendu les chansons de Dean Wareham filtrées de cette manière depuis bien longtemps (Penthouse en 1993 ?). Débarrassé des productions orchestrales de Dean & Britta, le sustain si envoutant et élégant de sa guitare opère sur une poignée de superbes ballades réverbérées (“I Found It Not So”, voire l’electro pop minimaliste “It Don’t Rain In Beverly Hills”), également chantées par Britta Phillips (magnétique sur “Knives From Bavaria”). Quelques instrumentaux révérencieux sont d’ordre plus vrai que nature (“Silver Factory Theme », “Herringbone Tweed”…), évocation fantasmée d’un mythe que nous n’avons connu qu’au travers de disques et de photos. Quant à la reprise de « Not A Young Man Anymore », l’aura mystérieuse du velvet, enfumé, urbain et littéraire, y plane, toujours aussi toxique.
– Site officiel Dean & Britta