Qui d’autre mieux désigné que Glenn Jones aurait pu succéder au regretté Jack Rose chez Thrill Jockey ?
Qui d’autre mieux désigné que Glenn Jones aurait pu succéder au regretté Jack Rose chez Thrill Jockey ? Reprenant ainsi le flambeau de son ami trop tôt disparu (en décembre 2009) sous la bannière du label de Chicago, l’ex guitariste de Cul de sac est pourtant déjà une institution dans le domaine de la six-cordes folk (voir dix-cordes) vagabonde. On le sait, Glenn Jones est le passeur dévoué de l’école Takoma, légendaire label de John Fahey. Depuis trente ans, le disciple a intimement côtoyé les grands noms du genre, que ce soit Robbie Basho, John Fahey et récemment donc Jack Rose (pour les deux derniers, cette complicité a été gravée sur disque). La qualité de ce quatrième opus solo fait honneur à la grande lignée de ces maîtres du fingerpicking errant et indompté. Enregistré dans un appartement de la banlieue de Boston entre décembre 2010 et avril 2011, The Wanting est un recueil de onze compositions originales, dont trois interprétées au banjo. Probable conséquence de ce deuil, l’humeur se veut dans l’ensemble plus recueillie et mélancolique que sur l’élégiaque Barbecue Bob In Fishtown (2009). Connue pour la plénitude de son jeu en picking, émouvant de fluidité, la guitare orchestre de Mr Jones ralentie ici la mesure, accruant l’intensité de ce vague à l’âme inhabituel. Comme si sur « My Charlotte Blue Notebook », les arpèges raga de Jack Rose venaient hanter les frètes du vieux loup solitaire. La dernière piste du disque, longue de 17 minutes “The Orca Grande Cement Factory at Victorville” est un vibrant hommage à la chanson de John Fahey “The Portland Cement Factory at Monolith, California”. Durant ce tour de force marathonien soutenu en duo par le batteur Chris Corsano, on peut entendre le bruit d’un train s’invitant dans l’appartement. Même à travers la fenêtre, The Wanting nous tend des passerelles vers l’inconnu.
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Glenn Jones – « Of Its Own Kind »