« Autodéminage » commenté des 10 titres du nouvel opus, à l’écriture brute, acide et neurasthénique .


En guise de cadeau de fin d’année, Cyril, batteur de Mina May, commente pour Pinkushion le dernier album du groupe, Everything was beautiful and nothing hurt. Track by track !

THE SEVEN SPIRITS

Ce morceau est constitué de deux parties sur un même tempo mais dans des tonalités différentes. On les faisait régulièrement tourner séparément puis on s’ est aperçu au bout de quelques temps qu’elles pouvaient bien s’enchaîner, dans un sens comme dans l’autre. Jusqu’à ce qu’il y ait un texte, le morceau s’appelait « Running shoes ».Tous les morceaux ont un titre provisoire jusqu’à ce que les paroles émergent.

NOT REALLY NO

Un riff de guitare-baryton qui est né sur un Bontempi Concertmate, on s’amusait à le faire passer dans un vieil ampli Bassman, y avait un son énorme dans notre local montréalais,surtout quand on a remplacé le Concertmate par le Juno 60, et puis comme c’était bien, on a aussi fait passer la baryton dans le Bassman simultanément, et puis comme c’était encore mieux, on a décidé de boucler la batterie avec très peu de micros et euh…de la passer aussi dans le Bassman,toujours simultanément via une mixette et puis là aussi, comme c’était vraiment très très sale et très très bien, on a décidé d’appliquer la même méthode en studio. Une semaine avant l’entrée en studio on n’avait aucune ligne de chant, et donc encore moins de paroles. Un exemple de morceau accouché dans l’urgence.

NEW FLESH FOR ALL

L’idée de départ est la ligne de basse, on a mis du temps à trouver l’ambiance qu’on voulait construire autour, on voulait qu’il y ait quelque chose de l’afro-beat (c’est la ligne qui nous le disait) mais c’était délicat de rendre çà sans tomber dans un truc zouc-festif. Finalement, les couplets issus d’un autre morceau qui n’a jamais vu le jour se sont imposés. Enfin, tout ça ne nous a pas épargné de quelques démonstrations de biguine dont seuls les ingés son ont le secret.

WISDOM CITY

Probablement l’idée la plus ancienne de l’album. Elle est partie d’une boucle de guitare, avec des couches multiples. Au bout d’un moment, on s’est rendu compte que les couches de guitares saturées ressemblaient à des trompettes. L’idée est restée bien au chaud (sur une K7 audio enregistrée en 4 pistes) depuis 2003 je crois ( !), on s’est toujours dit qu’on la garderait telle quelle et qu’on l’utiliserait comme « morceau-entre-morceaux ».En effet, elle n’a quasiment pas bougé… It’s like in « old times ».

EVERYTHING WAS BEAUTIFUL AND NOTHING HURT

Le “noyau dur” de ce morceau (chant/clavier)est né en une nuit, on a commencé vers 23h00 et terminé à 7h00 le lendemain.Tout s’est passé très naturellement, il ne manquait que quelques arrangements. Quand on s’y est remis quelques temps après, même chose : toutes les lignes additionnelles ont coulé de source en une matinée. Une sorte d’accouchement sans douleur !
Le titre et l’idée de départ viennent d’un dessin de Kurt Vonnegut trouvé sur internet. Une pierre tombale, et cet épitaphe.

Mina May, 2011

VISITOR

Là aussi, une idée assez ancienne, maquettée sur 4 pistes K7.Pour la petite histoire : le « son de la mort » qui arrive peu après le début du morceau est celui de la maquette qu’on a récupéré sur la bande, un bruit impossible à refaire…avec une guitare et une série d’effets tous à fond, dans un préampli également à fond…Pendant que j’enregistrais ce son au casque, un gars est entré chez moi, un peu gêné et a posé deux billets de 20€ sur la table de la cuisine, sans rien dire. Les autres pensaient qu’il était mon voisin, et lui attendait son bout de shit ! Y a eu 2 bonnes minutes de silence dans la pièce (contrairement à dans mon casque). En fait la maison d’à côté était squattée par des dealers, le mec s’était trompé d’entrée.

THINK TWICE

Un morceau qui nous a donné du fil à retordre : la version originelle était entièrement aux claviers et beaucoup moins rock, tous les riffs ou presque étaient là, mais pas dans le bon ordre et surtout tous à la fois !Y a eu un gros travail d’épure , on a d’abord essayé de dégager les lignes essentielles pour que les parties fonctionnent, puis pour certains riffs, remplacé les claviers par les guitares et la basse. On est arrivé à un morceau plus simple et plus direct. La coda est partie d’un riff de guitare que Krisss faisait un peu à la déconnade, en shuffle. Il a juste suffi de le jouer binaire et environ 3 fois plus vite…ça collait.

NAILS ON STAINLESS STEEL

Encore un morceau qui est né avec un synthé à deux balles (PSR400 pour les fins connaisseurs 😉 et qu’on s’amusait à jouer à trois dessus. Jusqu’à la veille des prises, on n’avait qu’un riff qu’on appelait « Whammy bang-bang » qui nous plaisait trop pour qu’on le laisse de côté, mais pas d’autre partie, pas de chant, pas de texte, pas grand-chose quoi. Et puis la veille au soir donc, après les prises de la journée au studio, on s’est un peu détendu et on a jamé autour du peu de matière qu’on avait. Ca a duré deux heures et le morceau existait. Jusqu’à la dernière minute le chant manquait, les paroles ont été terminées le dernier jour, juste avant de faire la prise de chant et de prendre le train pour rentrer…

RISING SUN

Bonne éclate sur ce titre, Flashing teeth jouait les arpèges pendant qu’Antoni, Krisss et moi-même faisions mumuse avec trois installations d’effets en série, branchées sur trois amplis différents. Chacun récupérait la guitare. Le résultat est le mélange de tout çà. Une sorte de « bain sonore ». C’est une idée de Manu de Barros, notre ingé son bricolochimiste.

AFTER THE STORM/IN THE TURMOIL

Un morceau en 2 parties né à Montréal, lui aussi en bouclant la batterie, le Juno et la baryton sur le Bassman, en fait c’est avec ce morceau qu’on a testé cette méthode pour la première fois. Je me souviens avoir dit à Antoni : « c’est çà qu’on cherche ! » j’avais vraiment la sensation qu’une porte venait de s’ouvrir dans le processus de création. Le système est aussi appliqué sur l’album, optimisé évidement par le savoir-faire de ce cher Manu. Ce qu’il y a de bien avec lui, c’est que moins les idées sont scolaires, plus il est d’accord pour les essayer! C’est un morceau qui est passé par plein de phases de déstructuration-restructuration, pour finalement revenir à sa forme quasi-initiale.