Voilà un excellent album de rock indé, du sérail. Inutile de lui reprocher son appartenance « indie rock », puisque le guitariste Lee Ranaldo en est l’un de ses inventeurs au sein des mythiques Sonic Youth.
Voilà un excellent album de rock indé, du sérail. Inutile de lui reprocher son appartenance « indie rock », puisque le guitariste Lee Ranaldo en est l’un de ses fondateurs au sein des mythiques Sonic Youth. Chanteur occasionnel du répertoire des New Yorkais, mais ô combien vibrant, notamment sur le génial « Eric’s Trip », le quinquagénaire profite de sa retraite forcée pour s’offrir une seconde jeunesse sonique en solo. Les dix compositions collectées « entre le temps et les marées », soit au long d’une carrière longue de trente ans, s’avèrent en conséquence variées. Le maître des six-cordes dissonantes surprend d’abord en soignant ses mélodies, de facture classique et pas arty outre mesure. Il se « murmure » le REM des débuts sur les très pop « Off the Wall » et « Lost (Planet Nice) ». C’est qu’on avait presque oublié que cette voix d’éternel débutant est de la même promotion 81´ que celle de Peter Buck et Jay Mascis. Bien sûr, le beau raffut qui sort des guitares électrique « 100% dirty », reste une signature inimitable, et mérite à elle seule le détour. Mais les parenthèses débranchées – « Hammer Blows », aux arpèges acid-folk vénéneux comme du Six Organs of Admittance – n’ont rien à envier au récent opus acoustique de son ancien camarade en chef, Thurston Moore, voire le surpassent. Une pedal Steel(laire), superbement exécutée par Nels Cline de Wilco, s’invite même sur les deux derniers titres (notamment le magnifique « Stranded »). Une couleur country qui en serait presque émouvante, car jusqu’ici si peu perceptible dans le jeu de l’homme à la Fender Jazzmaster. Après Steve Shelley chez Disappears (qui vient d’ailleurs ici prêter main forte à son vieil ami, tout comme son prédécesseur aux futs, l’historique Bob Bert), ces reconversions éclairées indiquent qu’en dehors du couple vedette de Sonic Youth, chaque membre était unique. Mais cela, il est vrai que nous le savions déjà.
Lee Ranaldo – ‘Off The Wall’