Pour son deuxième opus sur le label 4AD (sixième si l’on compte en tout), le bon Sam Beam a renoué avec son vieux complice Brian Deck, qui avait produit voilà tout juste dix ans le délicat et feutré Our Endless numbered Days.
Pour son deuxième opus sur le label 4AD (sixième si l’on compte en tout), le bon Sam Beam a renoué avec son vieux complice Brian Deck, qui avait produit voilà tout juste dix ans le feutré et élégiaque Our Endless numbered Days. Pour autant en 2013, le songwriter n’a pas décroché du mur sa vieille guitare folk, et préfère continuer d’explorer de nouveaux horizons entouré de son big band, comme il s’y emploie depuis désormais une décennie. Une volonté d’émancipation accomplie avec Calexico en 2005 et le formidable EP In the Reins, puis le surprenant virage afro-jazz-pop de The Sheperd’s Dog (2007), où l’Américain s’appliquait consciencieusement à gommer son étiquette de folker solitaire. Aussi, on serait tenté de dire que Ghost on Ghost s’inscrit dans la suite logique de son prédécesseur, l’éclectique Kiss Each Other Clean (2010). L’aventure collective en studio prédomine, Mr. Beam laissant toute latitude à ses musiciens triés sur le volet : outre l’accordéoniste Rob Burger du Tin Hat Trio déjà croisé précédemment, mentionnons le batteur de jazz Brian Blade, le tromboniste Curtis Fowlkes (Jazz Passengers), le bassiste Tony Garnier (Bob Dylan), le duo Maxim Moston et Doug Wieselman d’Antony & the Johnsons aux arrangements de cordes et de cuivres, ou encore la violoncelliste Anja Wood, distinguée sur le dernier Bowie. Un casting qui lui autorise une grande diversité de styles. L’ensemble de l’album, foisonnant, réserve quelques pures éclats (« Baby Center Stage », « Caught in the Briars »). La voix a encore pris de l’assurance et n’a pas peur de s’essayer au registre soul orchestral façon Motown, avec « The Desert Babber », ou sur « Joy » la ballade épurée qui lui succède. Seulement voilà, à l’écoute de « Winter Prayers », son unique concession intimiste à la six-cordes, l’instant est tellement bouleversant qu’on aimerait garder le folksinger encore un peu avec nous, au lieu de le partager avec son orchestre de luxe. Hélas, l’exercice lui semble tellement facile qu’il préfère s’encombrer jusqu’à en perdre sa si belle légèreté. Et pourtant, tout est là, dans cette proximité… Ne lui en déplaise, le doux duvet de sa voix est l’une des plus belles de la scène… folk/pop américaine.