Entretien avec la tête pensante de Edam Edam, un délicieux projet musical emmené par un garçon aux cheveux longs et aux idées cool!


À la fois musicien, compositeur, auteur de BD et fondateur du label et maison d’édition Pantypop, Shyle Zalewski alias Edam Edam dispose de plus d’un médium et d’un tour dans son sac pour mettre à profit ses grands talents. Rejeton spirituel de Daniel Johnston et cousin rêvé de Jeffrey Lewis, le productif Edam Edam dégaine dans la langue de Shakespeare des comptines croquignolettes au mètre comme d’autres pensent ou respirent. Intitulé This is life, son dernier projet musical contient pas moins de 152 titres égrainés sur huit CD différents, et enregistrés entre 2005 et 2013, où Shyle Zalewski s’amuse à dépeindre à travers ses vignettes musicales de poche, des amours contrariés avec les filles, des déclarations faites à des muffins ou encore quelques mains malicieusement glissées dans des culottes… Le tout avec toujours cet exquis accent français que le garçon met un point d’honneur à ne surtout pas déguiser et qui décuple encore d’avantage le charme de ses pastilles pop douces-amères. Intrigués et séduits par sa musique joliment bricolée, c’est avec plaisir que nous avons soumis à Shyle notre questionnaire habituel, histoire de voir ce que celui-ci allait bien pouvoir nous raconter!

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– Une chute …

Gamin je me suis cassé le pied en voulant courir dans les couloirs, pour aller chercher une veste que j’avais oublié. C’était tellement stupide qu’il était inconcevable que j’ai le pied cassé à cause d’une telle futilité, alors j’ai marché sur ma cheville boiteuse pendant deux jours avant que mes parents se posent des questions. Du coup, il s’est soudé de traviole, et j’ai les pieds qui partent à 10h10.

– Un anniversaire …

L’anniversaire de mon cousin, pour ses 10 ans, quelque chose comme ça. Nous étions tous déguisés en animaux principalement, et surexcités par les sodas gazeux et autres colas servis en buffet à volonté pour l’occasion, entre les gâteaux, bonbons et autres sucreries. Certains jouaient à la console, d’autres se « battaient » amicalement, ou bien foutaient de la musique à fond comme des sauvages. C’était assez bestial, je crois qu’on dirait un tableau de Max et les Maximonstres. Quelques privilégiés restaient dormir sur place pendant que les autres devenaient des pestiférés renvoyés chez papa-maman ; nous faisions des tentes, des batailles de futons. Aucune trace d’adultes dans mes souvenirs. Je me souviens que quand mes parents m’ont demandé comment c’était, j’ai juste répondu que je m’en souviendrais toujours.

– Un clip cool

Dans un registre qui n’est pas le mien à la base, ce clip de Junior Senior :

– Un ami d’enfance…

En primaire, on avait dans notre classe une surdouée qui s’appelait Julie L* , c’était une très bonne copine, avec un caractère incompréhensible. On échangeait beaucoup sur des sujets plutôt chiants pour des gamins de notre âge, et on se battait à avoir les meilleurs notes. Elle gagnait, souvent. Un jour dans le courant de l’année, elle est venue avec sa mère en début de cours dans une parka d’un bleu outrancier. On entendit brièvement les adultes parler, que Julie allait quitter l’établissement. Elle ne nous a pas regardé deux secondes, ni lâché un mot. À personne. Beaucoup l’aimaient, pas un n’a compris.

– Un regret …

Je n’en ai pas vraiment, à dire vrai. J’aurais sans doute pu faire autrement un paquet de fois, mais pas assez pour que ça en devienne regrettable.

– Un lieu …

Pour une raison obscure, j’ai passé deux mois en Allemagne dans la région d’Hattersheim quand j’étais pré-ado. J’ai rejoint alors un groupe d’artistes qui avaient pour la plupart entre 19 et 30 ans (j’étais de loin le plus jeune), et nous avions réussi à squatter une ancienne usine de chocolat pour en faire ce qu’on voulait. Moi, une française et une punk allemande, on avait notre étage sur lequel on a fait de grandes peintures à la Pollock, mais aussi des portraits sur les fenêtres ou des mini-sculptures. À la fin, le lieu était magnifiquement incongru. Je n’ai aucune idée de ce qu’il en est advenu.

– Un étranger (rencontré ou imaginaire)…

Une suédoise nommée Ellin. On s’est vus comme ça une journée, nous sommes allés au musée, puis mangé des biscuits nantais au parc du Luxembourg. Étant donné mon niveau d’anglais, nous n’avons pas eu l’occasion de beaucoup parler, mais je crois que c’était chouette. Je crois. Je ne sais même pas si on s’est dragué un peu ou pas…

– Une mauvaise pensée…

La violence, quand j’étais plus jeune.

– Un train…

Aucune de mes copines n’a habité Paris. Le train était toujours le moyen par défaut pour aller les voir. Deux d’entre elles, à 15 et 19 ans, habitaient Orléans par pur hasard. Je me souviens très clairement des trains Paris Austerlitz / Orléans-Les-Aubrais, qui allaient mener à de futures découvertes de culottes, baisers mouillés innocents et autres pelotages sucrés.

– Un long moment d’attente…

Je crois que ça m’est arrivé souvent d’attendre dans des villes que je connaissais ni d’Eve ni d’Adam des amis, pendant plusieurs heures. On appelle ça les attentes de la lose.

– Et enfin, peux-tu choisir tes cinq albums préférés ?

Difficile, mais je pense à ces 5 là, sans ordre particulier :

Bob DylanBlonde on Blonde
RamonesRocket to Russia
Dinosaur JrBeyond
Kimya DawsonRemember That I Love You
OffspringIxnay On The Hombre

À écouter: Edam Edam – I Would Like To Write A Song Called « I Miss You But I Am All Alone So I Miss Kind Of Everyone »

À écouter: Edam Edam – In My Bones