Après la réincarnation du Crazy Horse sur New Moon en 2013, le cinquième opus de cet imprévisible quintet brooklynois va encore une fois décontenancer les fans qui les suivent depuis la première heure.
Après la réincarnation du Crazy Horse sur New Moon en 2013, le cinquième opus de cet imprévisible quintet brooklynois va encore une fois décontenancer les fans qui les suivent depuis la première heure. Depuis quatre ans, les esthètes rock de The Men mettent un point d’honneur à enregistrer chaque fois un nouvel album qui brouille – ou plutôt brûle – leurs étiquettes : post-punk arty, hardcore noisy, rock stoogien, giclée psychédélique… On doit avouer qu’on a parfois un peu de mal à cerner leurs motivations… Mais si il y a bien quelque chose qui met tout le monde d’accord au sujet de The Men, c’est que quelque soit le style abordé, la déflagration sonique est conséquente. L’urgence qu’ils dégagent est tout simplement exceptionnelle. Avec ce nouvel LP au titre teinté d’ironie, Tomorrow’s Hits, la bande emmenée par le guitariste/chanteur Nick Chiericozzi nous pond carrément un disque de rock americana, en poussant même le vice jusqu’à enrôler une section de cuivres sur certains titres ! Si avec l’entrée en matière « Dark Waltz », sorte de brûlot Creedence mariné à l’huile Punk, la surprise est déjà de taille, rien ne nous prépare au doublé successif « Another Night »/ »Different Days » : du rock seventies effréné, boosté au saxo ténor et aux trompettes, promptes à réveiller la fièvre du « Boss » du temps de Darkness on the Edge of Town. « Pearly Gates » est du même cru, version Dylan remonté, en pleine révolution électrique, comme on a pu seulement le capter dans certains bootlegs live. Franchement, on pensait que plus personne n’était capable d’enregistrer comme ça… Tomorrow’s Hits contient seulement huit morceaux pour trente-sept minutes au compteur, et il n’y a rien à jeter. La verve punk est bien toujours là, elle a simplement trouvé comment se faufiler dans leurs déviances country/rock – on freine tout de même un peu sur sur la fin « Settle Me Down », pop pastorale débraillée tout en « Feelies ». Paraît-il que ces nouvelles compositions ont été enregistrées avant le très électrique New Moon, ce qui chronologiquement ne nous aide pas pour autant à cerner leur improbable soucis de cohésion artistique… Même si par le passé, un titre comme « Candy » sur Open Your Heart (2012) laissait échapper leur penchant « cowboy solitaire ». Les cinq mâles ont beau démultiplier les styles, on sent tout de même un profond respect pour les aînés. De l’art en somme de faire du neuf avec du vieux. Prochaine étape? Un disque electro? Qu’on se le dise, ces Hommes là sont dangereux, et donc capables de tout.