A l’occasion de la réédition de leur premier album Slingshot, ainsi que de leur tournée estivale, nous avons rencontré Joe Evans, leader de l’explosif binôme raw-blues originaire de l’Indiana.
« Warning : this album contains early and raw recordings ».
La mention incrustée sur la tranche de la pochette, à défaut des traditionnels renseignements sur le nom du groupe, le label ou le titre, nous met en garde sur les enregistrements contenus dans «Â ce nouvel album ». Cet avertissement, c’est également ce qui pourrait définir le mieux le formidable uppercut que l’on se prend en pleine face lorsqu’on découvre, sans avoir rien envisagé au préalable, le véritable orage musical distillé par les Left Lane Cruiser. Sur disque cela peut donner çà : «Â Sympa la pochette  », «Â Oh tu sais moi le blues… » et puis pan ! Sur scène, c’est pire encore : «Â Viens avec Papa, y a des américains qui jouent dans le parc pour la fête de la musique.
– Papa, ils ont l’air bizarre les messieurs…Â » et puis boum, c’est le cataclysme sonore, la frénésie des décibels, la catastrophe… On revient avec des vinyles sous le bras, on a bu trois bières et le petit réclame une guitare pour Noël…
Afin d’éviter ces «Â désagréments », on pourrait demander que cette mention soit aussi imprimée sur les programmes des concerts ainsi que sur l’ensemble de la discographie du groupe. Slingshot s’avère être la réédition de leur album originellement paru en 2005 où l’on retrouve le répertoire des débuts du groupe. Les ingrédients qui font l’essence des Left Lane Cruiser sont déjà là : la batterie, la voix, la guitare sonnent jouissivement crades et saturés. C’est magnifiquement interprété avec feeling, terme trop souvent galvaudé, qui retrouve ici toute son essence. La vie dégouline dans chacun des titres. En un mot : primordial, comme tout ce que fait ce groupe.
C’est ainsi que nous avons eu le privilège d’assister au concert du trio le 31 juillet dernier à Rouen pour Les Terrasses du Jeudi. Sous un déluge de riffs saturés et autres martèlements de breaks de batteries, les Left Lane Cruiser ont littéralement enflammé le public rouennais venu en masse s’imprégner de l’énergie débordante de l’un des plus grand groupe de raw-blues actuel. Première surprise en assistant au premier set de près de 45 minutes, Brenn Beck charnière du duo et batteur attitré de Left Lane Cruiser a quitté les fûts. Damned !
L’explication ennuyée de Joe Evans captée après le concert nous apprend que son frère d’armes, avec lequel il a donné plus de mille concerts, se retire pour quelques temps, visiblement accaparé par sa nouvelle vie de famille et un peu fatigué par celle qu’il menait sur la route.
C’est donc à un trio que nous avons affaire, pour l’ensemble de cette tournée européenne estivale. Le nouveau batteur bien que sonnant différemment de Brenn, soit moins dans l’esprit de John «Â Bonzo » Bonham, possède néanmoins une frappe lourde ainsi qu’une capacité de variations rythmiques qui lui permettent de faire le boulot, même quand son leader se laisse entraîner par la fièvre de ses riffs…
Toutefois, c’est surtout le bassiste-chanteur et également guitariste slide qui impressionne le plus. Chanteur émérite, celui-ci se révèle exceptionnel sur son étonnante guitare à deux cordes, faite d’un corps de skate et dont la caisse de résonance se compose d’une bouteille de bière…vide. Son jeu est tout simplement monstrueux et s’oppose parfaitement à celui de Joe, redonnant à cette cohésion du chaos toute la sève et l’énergie qui habitent le groupe. Le second set de près de deux heures, permet aux Left Lane Cruiser «Â nouvelle formule » de totalement se lâcher.
Le répertoire original se mêlant à des reprises aussi diverses que BB King, ZZ Top, Junior Kimbrough ou encore RL Burnisde… L’assistance ne souhaitant pas voir le groupe quitter la scène, les Left Lane Cruiser ont fini en apothéose en improvisant un hip hop dévastateur puis en chantant a cappella avec le public.
Un immense groupe de scène à voir absolument ! Remerciements éternels au Kalif, programmateur des Terrasses, d’avoir eu l’audace d’inviter un tel groupe ! IT WAS GREAT !
Crédits photos : Stéphane Maunier
Rencontre avec Joe Evans chanteur, guitariste et leader de LEFT LANE CRUISERÂ :
Une Chute: J’ai effectué ma pire chute quand j’avais 10 ans. J’étais en train de porter mon petit frère alors âgé de 6 mois et nous avons tous les deux effectués un vol plané dans les marches qui nous a vu atterrir dans la cave. Par chance nous n’avons rien eu mais mon petit frère qui devait se faire baptiser le lendemain, était couvert d’ecchymoses aux visages, ce qui était gênant pour les photographies de l’évènement. Ma belle mère ma longtemps détestée suite à cet incident…
Un anniversaire: Ma date de naissance est le 12 avril 1979. Je déteste fêter mon anniversaire. Vieillir craint !
Un ami d’enfance: J’ai constamment déménagé quand j’étais enfant ce qui malheureusement ne m’a pas permis d’avoir un quelconque ami d’enfance dont je pourrais parler.
Un regret: J’aurais souhaité débuter Left Lane Cruiser à l’âge de 16 ans. Cela m’aurait permis de tourner sans jamais avoir la gueule de bois.
Un lieu: Mon endroit préféré c’est Chez Denny à 3 heures du matin. On peut avoir des pancakes, des Å“ufs, des toasts et tout l’alcool que l’on veut.
Un extra terrestre: Un de mes extra terrestre préféré est predator. Il fait tout un tas de bruits marrants et sympas. De plus c’est l’un des plus méchants.
Une mauvaise idée: Boire dès le matin. On se sent bien pour un moment mais il absolument impossible de sortir pour aller travailler.
Un train: Quand j’étais enfant, j’ai du prendre l’Amtrak de Detroit à Washington DC. Ma mère m’a déposé à Detroit et mon père m’a récupéré à Washington, j’ai donc dû voyager seul. J’avais l’habitude de trainer dans le wagon bar afin de récupérer de quoi manger. J’ai surtout réussi à boire des coups gratuits car je n’étais qu’un gamin. Les années 80 me manquent. L’alcool était plus facile à obtenir pour les mineurs à cette époque.
Une longue attente: Sur la route, nous passons beaucoup de temps à nous attendre les uns les autres le temps que chacun expulse sa merde matinale. C’est un moment important de la journée. Cela doit être fait et on ne peut pas y couper.
Dernier album écouté: Jimi Hendrix, Band of Gypsy’s. Le meilleur album de Hendrix de tous les temps.
Dernier album acheté : Wu Tang Clan – 36 Chambers of Death
Vidéo : Left Lane Crusier : live in Rouen (31/07/2014)