Le folker émancipé Stéphane Milosevitch à la tête de Thousand lève le voile sur les chansons de son lumineux second album paru chez Talitres. Paris-Texas en quarante-trois minutes, qui dit mieux ?


1. The Flying Pyramid

Stephane Milosevitch : The Flying Pyramid était déjà le nom et le morceau d’ouverture de mon premier album (Arbouse recordings 2008). Cet effet miroir marque la continuité entre le nouvel album et cette époque où j’étais très attaché aux effets de répétition. Depuis 2008, on a tellement joué ce morceau avec diverses formations qu’il a complètement muté jusqu’à devenir ce qu’il est aujourd’hui. C’est Frederic Lo (ndlr : coproducteur de l’album) qui a pensé à le mettre sur le disque, c’était une très bonne idée. Rétrospectivement, je vois ce morceau comme l’illustration parfaite de l’évolution de ce projet musical, mais aussi de mon approche du dessin, qui sont un peu une seule et même chose en fait. La pochette du disque de 2008 était noir et argent, sobre et minimale, comme les arrangement et la production du disque. Je m’exprime beaucoup plus fort et librement aujourd’hui. Ca a aussi été l’occasion de réaliser comme clip un film d’animation, ce à quoi je pensais depuis un moment.

2. The Kill

Une chanson du point de vue narratif d’une fille malheureuse en amour, comme dans les chansons des Supremes qui ont été un de mes chocs musicaux majeurs avec « Where Did Our Love Go », engagée malgré elle dans l’aventure urbaine moderne, et les blessures que cela peut occasionner.

3 To Dance In A Circle Of Fire

Une chanson sur l’expression du corps : la danse, la violence et l’abandon de soi. La
structure du morceau est basé sur un va-et-vient de prises et pertes de conscience.

4. The Wave

Une chanson très cul avec des doubles sens assez crus, qui fait le parallèle entre une expérience de noyade quand j’étais petit, et le fait de se noyer dans quelqu’un. Et un refrain abstrait et universel sur l’envie de vivre.

5. Eden

Une chanson que j’ai écrite dans le camion en revenant d’un concert à Bordeaux avec une gueule de bois de l’enfer dans des bouchons sans fin, sur le fait de fuir la ville, prendre conscience de ce qui compte vraiment, redécouvrir ceux qu’on aime, et renaître à travers eux.

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6. A Swallow

Une chanson d’amour feutrée et aérienne. La structure est assez labyrinthique, sans
vraiment de répétition mais dans une succession de motifs ressemblants. Pareil pour les paroles, la narration évolue en strophes jamais répétées. Je l’ai écrite en quelques heures en rentrant de l’hôpital, encore sous les effets de la morphine. C’est une juste rétribution, j’ai trouvé que c’est une drogue dégueulasse.

7. The Break Of Day

Comme « Eden », une chanson sur les méfaits de la vie urbaine et l’envie de disparaître, de se débarrasser de son matos de musique, mettre le feu à sa maison, faire un doigt par la fenêtre conducteur et ne plus jamais revenir. La composition est très axée sur l’enchevêtrement rythmique du picking de guitare, du synthé et de la batterie. J’adore jouer ce morceau.

8. Song Of Abdication

Une chanson dont le déclic a été une nouvelle de Jack London dans Les Morts Concentriques dans la collection Bibliothèque de Babel, dirigée par Jorge Luis Borges. Elle forme un triptyque de portraits d’hommes qui s’abandonnent à l’environnement dans lequel ils évoluent. Un chasseur face à une meute de loups, un marin dans l’océan, et un chanteur face à la foule. S’ensuit un questionnement sur la cruauté aveugle de la mort qui balaye les efforts terrestres des hommes, et la réflexion dans le refrain que nous sommes des éléments en transition, du néant vers l’éther en passant par l’eau. On entend la voix d’Emma Broughton, qui assure à fond. Josh T. Pearson s’en est inspiré pour son adaptation « The Singer To The Crowd », qu’il chantait en concert il y a quelques années.

9. The Sea The Mountain The Ghost

Joker.

10. The Dark

Des fois on boit et après on fait des bêtises. Mais c’est pas moi, c’est la société.

11. Regret N Remorse

Une chanson nostalgique sur les souvenirs de bonheurs passés et des possibilités de vie gâchées, du temps disparu où RnR devient regret et remords.

12. Where The Bluebird Flies

La plus vieille chanson du disque, je m’en suis fait un tatouage. Un morceau aérien
comme « A Swallow », plein d’espoir et de consolation.





Thousand, S/T (Talitres)

Lire également la chronique de l’album

En tournée française à partir du mois d’avril.