Amateur de «fast et fureur » musicale passez votre chemin. Car voici venir une douceur musicale homogène et ultra mélancolique en provenance de Norvège.


Une image illustre l’album : serait-ce la campagne norvégienne ? Nous y faisons halte : l’esprit contemplatif. Une musique s’y fait entendre : pastorale et délicate. Nous sortons presque de l’hiver, Ola Fløttum maitre à penser de The White Birch s’y complet encore. Il nous l’annonce : The Weight of Spring . Que redoute – il ? Perdre son inspiration ? Perdre sa tristesse ? Ressasser ses amours perdus ? (« Love will never change the morning sun, love will never change the way the darkness runs. »).

Indéniablement sa musique vit sa vie, respire en nous enveloppant dans une torpeur ouatée et une atmosphère mélancolique, mais ceci pour notre plus grande joie ; de celle qui ne peut s’extérioriser. Réminiscence d’artistes chéris mais bien trop rare, on pense inévitablement à Mark Hollis en tête. The White Birch comble notre manque. Formé en 1996 le groupe adopte son patronyme en hommage à l’album du même nom de Codéine. Tiens tiens du slowcore ! Rangé des solos de guitares effrénés « The Weight of Spring » nous fait apprécier l’instant présent. Point ici d’éclosion exubérante mais une succession délicate d’harmonies sculptées sur un édifice pop folk chancelant. Ultra délicate, fragile ses textures cinématographiques s’étirent, respirent et tissent une toile pop et mélancolique dans laquelle tout à chacun s’y abandonne sans compromission. Une musique qui évolue en fonction du temps sans se préoccuper des causes qui l’on produite. Magnétique, lunaire, atmosphérique, The White Birch se rapproche de ses pères tutélaires. Outre l’ex leader de Talk Talk, on peut associer à sa famille Mark Kozelek, Stuart Staples ou bien encore David Sylvian tous des grands optimistes ! On pourrait même remonter le temps et penser à Nick Drake replié sur lui-même.

Multi instrumentiste et songwriter, Ola Fløttum a convié ici ses amis – le compositeur de formation classique Ole Henrik Moe au violon et alto, des membres de la formation Susanna and the Magical Orchestra et Susanna Wallumrød, Kings of Convenience , St Thomas, Serena Maneesh – et de sa famille en la personne de sa femme l’actrice Ellen Dorrit Petersen. Tout ce beau monde tire dans le même sens et concourt à mettre toutes leurs émotions au service de cette musique dans une alternance de respiration instrumentales où les ensembles à cordes distillent avantageusement et parcimonieusement leurs sonorités pour passer le relais au chant désincarné et lancinant de Fløttum. Cinquième album en seulement depuis 1996 (le précédent opus remonte à 2006), The White Birch distille ses notes aux compte-gouttes. Ne ratez donc pas leur passage aujourd’hui.

Véritable coup de cÅ“ur musical intimiste The Weight Of Spring mérite que l’on enjambe la barrière. A partir de là, laissons le temps au temps, laissons venir à nous les saisons, prenons le temps de vivre, prenons le temps d’écouter religieusement « le poids du printemps ». Et ne pensons pas encore à l’été.