Le survivant Jon Spencer et ses compères Judah Bauer et Russel Simmins continuent de prêcher leur amour pour New York et le rock n’roll qui suinte.
Tandis que plusieurs musiciens notoires de la Big Apple ont récemment migré vers la côte ouest (Dean Wareham, The Liars, David Sitek…), le survivant Jon Spencer et ses compères Judah Bauer et Russel Simmins continuent de prêcher leur amour pour New York et le rock n’roll qui suinte. Trois ans après un retour discographique classique mais de fort bonne tenue, Meat And Bone, les tauliers du rock new yorkais, se permettent même de faire un pied de nez à tous ces déserteurs en dédiant leur nouvel opus à leur ville et ses icônes culturels. Freedom Tower – No Wave Dance Party 2015 a été enregistré dans le studio House Of Soul, haut-lieu emblématique de Brooklyn et surtout sanctuaire du label Daptone. Toutefois, point de virage radical soul/funk (ou si peu) à signaler pour le trio explosif, mais plutôt un retour au groove urbain et hip hop d’Acme, cette fois remis au goût du jour avec le mordant des guitares garage-punk de Meat and Bone. La collaboration renouvelée avec le producteur Alap Momin, qui a un pied dans le hip hop (Dalëk) et l’autre dans le rock indépendant, s’avère pour le coup mieux justifiée sur Freedom Tower… Evidemment, le premier élément à bénéficier de ce traitement sonore est le batteur Russell Simmins, dont son kit sonne ici comme une beat box infernal. En forme olympique, le marteleur aux larges épaules propulse régulièrement la redoutable paire de riffeurs Jon Spencer/Judah Bauer dans une course-poursuite endiablée, lancée plein phare à travers les rues décadentes du Bronx et du Queens – sur les fiévreux « Dial Up Doll », « Wax Dummy » et « Crossrad Hop », quitte même à sortir littéralement le girofard sur l’excellent single « Do The Get Down ». Et la voix de Jon Spencer n’est pas en reste. Avec trente ans de carrière dans les pattes et toujours pas la moindre cramp(s)e à signaler, l’ex Pussy Galore, en éternel entertainer, déverse son flow primal sans temps mort tout au long de ses treize brûlots contagieux. Alors si il est vrait que le Blues Explosion n’est peut-être plus aujourd’hui au premier plan, il est évident que personne n’a pris son trône, et surtout pas les Black Keys. La recette de leur mixture magique, alliance de garage rock sulfureux, de rap et de rythm’n blues sauvage, a conservé sa saveur unique. Freedom Tower est ce que le Dynamite Lover et ses frères d’arme ont enregistré de plus excitant depuis quinze ans. Comme l’aboie d’emblée Jon Spencer, « Come on Fellas, we got to pay respect !»
The Jon Spencer Blues Explosion en concert cet été :
25 juin : Montluçon, L’Embarcadère
26 juin : Marmande, Garorock Festival
27 juin : Evreux, Le Rock Dans Tous Ses Etats