Auteur déjà de quatre albums indispensables de indie-folk à la sauce électrique, Pedro the lion commence à avoir une distribution décente en France via Chronowax. Mieux vaut tard que jamais, il serait peut-être temps de se pencher sur l’un des fleurons du rock US.
Pedro The Lion, à l’instar des frères Kadane ou de Mark Kozelek, fait partie de ces songwriters qui ne cessent de magnifier la grammaire usuelle du rock autour de ses instruments de prédilection.
Depuis 1998, ce groupe virtuel – articulé en vérité autour d’une seule tête, David Bazan – distille des albums touchants, à la mélancolie toujours récurrente, à mi-chemin entre ce que l’on appela autrefois le slow-core, sorte de folk musique augmentée de guitares électriques rêches et de textes aux ambitions suicidaires. Outre des compositions écorchées, Bazan est également un excellent guitariste, capable avec quelques simples notes de se mesurer à l’intensité d’un Bedhead.
Achilles Heel, quatrième album de PTL, contient toujours son lot de mélancolie, mais les sonorités se font plus douces : le premier titre « Bands with Manager », surprend d’entrée par ses mélodies évidentes, chose que l’on n’avait plus vraiment l’habitude d’entendre. Bazan semble s’être lassé de sa quête de sophistication et de rugosité que l’on pouvait trouver sur les deux disques précédents.En effet, le précédent, Control (2002), était une oeuvre complexe au climat pesant avec de longues références (allusions ?) au christianisme. Paradoxalement, ce disque avait apporté une reconnaissance plus large et méritée.
De l’avis de l’intéressé Achilles Heel est un album classique dans sa construction qui casse les concepts narratifs des albums précédents. Bazan a encore une fois bouleversé son équipe, accompagné du claviériste James Mc Alister (Ester Drang) et du songwriter Terry Walsh. Le disque a été enregistré en tout et pour tout en un mois dans son home studio, à l’exact opposé des travaux antécédents. Le lion semble être retourné à la source du temps d’It’s Hard to find a friend, son premier et meilleur album à ce jour. Les arrangements, très discrets vont dans ce sens. La spécificité de son de Bazan – à savoir cet usage systématique de guitares électriques au son cristallin et jamais distordu (du moins en premier plan), se veut plus spontané, mais reste toujours aussi spectaculaire.
Si le disque demeure très homogène, voire linéaire de bout en bout, on peut discerner quelques subtiles variations. « Keep Swinging », possède une dynamique nonchalante jusqu’alors inédite dans le panel du groupe. « Transcontinentale » est une sublime ballade acoustique sur fond d’épopée lyrique, tandis que « Start Without me » est la composition pop parfaite après laquelle court toujours Chris Martin. Chose d’ailleurs troublante, car la comparaison avec les anglais de Coldplay ne nous avait jamais traversé l’esprit sur les disques précédents. Mais force est d’admettre que la voix de Bazan mime parfois très près du timbre de celui de Martin.
La différence notable, c’est que Pedro possède une retenue qui les protège de la boursouflure. Les incursions pop sont désormais plus prévisibles mais ne s’embourbent pas, comme le magnifique « I Do », ou « Discretion », rappelant les envolées de Chris M… NON ! On ne cédera pas à la tentation !
Pour la première fois, le petit lion Pedro (personnage inventé à l’origine par Bazan pour des contes pour enfants) apparaît sur la pochette. Dans le livret, le noble fauve gît étendu par terre, abattu par un chasseur, des proches pleurent sa disparition. Mais il ne faut pas se méprendre sur la symbolique, Achilles Heel annonce une renaissance, une résurrection après deux albums à l’introspection éprouvante. Le roi de la jungle est mort, vive le roi !
Le site officiel
Le site d’Achilles Heel
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