Plus qu’une confirmation, le second album du petit prodige Hollandais, bidouilleur d’antiquités, sonne comme une consécration.
C’est peu dire que la suite de Cabinet Of Curiosities était attendue par tous les amateurs de la planète Rock Psychédélique, tant le lutin hollandais au chapeau nous avait surpris avec cet album raffiné, qui réinventait façon baroque le meilleur de ce qui avait été produit sous acide à la fin des années 60. Visage d’ange, d’apparence introvertie, le garçon de 25 ans affichait pourtant suffisamment d’assurance pour manier brillamment tous les instruments (excepté la batterie), avec un gout prononcé pour les originaux (un Piano Harpsichord, pas si commun dans le monde du rock, un mellotron…) plutôt que les répliques numériques d’aujourd’hui (Jack White a dû apprécier !) se signalant ainsi par son authenticité.
Et il semble que le jeune Jacco ait profité de cette notoriété pour remplir un peu plus son garage d’instruments cultes vintages, puisque Hypnophobia se distingue notamment par l’utilisation d’un piano Wurlitzer (mais oui !, celui utilisé pour « You’re my best friend » de Queen !), un vieux Stainway, un orgue Optigan… qui semblent ici parfaitement à leurs places.
Ainsi ce second opus s’impose comme plus produit que son prédécesseur, plus abouti aussi, les compositions étant légèrement plus variées. Et surtout, le style plus affirmé. « Another You » avec son intro inquiétante et ses chÅ“urs façon sirènes ensorcelantes, fait le lien avec Cabinet Of Curiosities, pour laisser à l’instrumentale « Grey Lanes » le soin de s’en détacher, entremêlant piano et arpège rapide sur un tempo caisse clair du plus bel effet. « Brightly » est un leurre, une courte escapade vers des contrées plus chaudes et joyeuses, la Californie, alors que les compositions qui suivent replongent dans ces sonorités mélancoliques, à la faveur de sonorités plus vaporeuses (la chanson titre « Hypnophobia »), voire hypnotiques (le trip de 8 minutes « Before The Dawn »).En guise de joyau, l’envoutante « Find Yourself » avec sa ligne de basse rondelette et ses explosions cotonneuses, pourrait faire le tube si ce mot s’appliquait à cette musique.
Empli de magie, avec de vrais morceaux de nains et d’elfes dedans, Hypnophobia surprend lorsque le propos est plus épuré (« Make Me See ») car l’émotion reste intacte, et l’on réalise que plus qu’une confirmation, cet album pourrait être… une consécration. Jacco Gardner est déjà grand.