La reverb raisonne de plus en plus fort du côté de Genève, et les jeunots Magic & Naked se révèlent en chef de file d’une scène naissante, avec ce superbe album d’ascendance psyché pop, séduisante et rêveuse.


Si à première vue, les rives du Lac Leman n’ont que peu de rapport avec les Cocotiers de Venice Beach, de l’autre côté des alpes bruissent des airs connus, comme un écho familier parvenant à nos oreilles. Les Magic & Naked sont de jeunes suisses qui ne finiront peut-être pas les dents ravagées par l’acide, et qui n’ont pas non plus eu besoin de LSD pour décoller vers les couchers de soleil psychédéliques de la côte Ouest. Les mauvaises langues blâment régulièrement cette vague Psyché 2.0 de n’être qu’un rassemblement de hipster-à-papa, copier-coller des originaux, qui après avoir traîné leur mal être sur des scènes de MJC rentrent tranquillement dans leur chambre jouer à la Xbox. Bien. Les Magic & Naked n’ont pas le regard de dérangé d’un Syd Barrett ou d’un Skip Spence. Ok.


Mais ce qui sort de leurs amplis est tout simplement beau, garni de nombreuses références qui raisonnent dans nos tête sous le poids de la reverb, tel « Anna », une très belle accroche au refrain entêtant, voire « Emmène-moi (Aux Pyramides) », avec son roulement de batterie, son arpège hispanisant et sa fuzz, qui passe par Love, puis poursuit son chemin vers une noirceur et une saturation plus contemporaine. Quelle facilité ! Qualifié par leur label de « Psych Love Pop », ils jouent des effets (« Meet Me on The Beach » et l’instru « Many Seagulls »), et de leur besace peuvent à tout moment sortir des airs à tomber (« … Reach Me By Phone » et… l’intégralité de l’album).

La chanson « Ghost » marque, elle, l’apogée des deux guitares, qui se narguent, s’entrelacent, jouent des effets, pour un duel instrumental digne des Pink Floyd. Et si l’ensemble manque certes d’un peu de production, l’album jouit d’une formidable unité de style, très identifiable, qui pourrait laisser une véritable empreinte sur la scène psyché internationale, ainsi que sur le sable chaud… des plages de la Suisse.