Dans le vidéo clip tiré du single “Ancient Jules”, le motard baroudeur Steve Gunn, en cale sèche en pleine campagne anglaise, se voit dépanné par le légendaire folksinger Michael Chapman…



Dans le vidéo clip tiré du single “Ancient Jules”, le motard baroudeur Steve Gunn, en cale sèche en pleine campagne anglaise, se voit dépanné par le légendaire folksinger Michael Chapman. Mine de rien, la rencontre amicale entre ses deux experts de la six-cordes résonne comme un passage de relais. Car l’Américain Steve Gunn, à l’instar de ses compatriotes William Tyler et Ryley Walker; s’inscrit bien dans cette illustre lignée de six-cordistes iconoclastes apparus à la fin des années 60 (John Martyn, Roy Harper…) qui avaient un pied dans les racines de la chanson folk, l’autre dans l’avant-garde jazz, rock expérimental… Son septième album, Eyes On The Line (on ne compte pas ses multiples disques expérimentaux), et premier pour le label Matador, s’inscrit sur la forme dans la lignée de son prédécesseur, le plébiscité Way Out Weather, élu meilleur album folk par Mojo magazine en 2014 : neuf compositions folk/rockd’obédience voyageuses, où le chant du brooklinois gagne en assurance. Des chansons manifestement taillées pour la route, et donc la scène, mais dont la guitare électrique prend davantage le pas sur l’acoustique. Guère étonnant si on a assisté à un de ses concerts récemment, où Gunn privilégie sa Telecaster au son cristallin (« Conditions Wild » où le chant de Gunn évoque beaucoup Jim Morrison). Sur le fond, Eyes on the line est encore une fois du très bel ouvrage, et il faut s’y plonger à plusieurs reprise avant de saisir les différentes nuances et autres subtiles arrangements apportés en arrière-plan (le final zeppelinien “Ark”, ou la sérénité environementale de « Nature Driver »). Chose qui nous avait échappé jusqu’ici, le jeu de Gunn s’étoffe par moment d’une étonnante couleur blues stonienne – ce « Night Wander », posé sur des polyrythmies. Clou de cette virée, « Park Bench Smile », pousse plus loin encore le groupe au coeur d’une fascinante expédition afro-beat. On regrette seulement quelques folksongs un peu trop classiques (« Ancient Jules », « Heavy Seals », le countrysant « The Drop », qui additionnés font un peu routinier…). Steve Gunn conduit ce voyage peut-être moins hors des frontières, mais la ballade vaut cependant toujours le détour.