Un quintette écossais amoureux de chansons douces rallume le brasier des rayonnants Papas Fritas. Forever Young, où le meilleur moyen de nous rappeler que les vacances sont passées beaucoup trop vite.
C’est avec un peu de regret que l’on découvre sur le tard ce disque d’Aberfeldy. Young Forever, premier album de ce quintet Ecossais, aurait fait une bande-son parfaite en période estivale. On en a presque des coups de soleil tellement cette musique rayonnante nous nargue… autant que le souvenir de ce nigaud d’Art Garfunkel sur la pochette de son disque Watermark, le frisé se faisait alors un plaisir non feint de poser sur un transat face à la mer. La grande classe quoi. Dans le même ordre d’idée, on aurait pu malgré tout évoquer une autre pochette géniallissime, celle du On the Beach de Neil Young, mais à vrai dire, la musique et les propos déprimés du Loner sont carrément hors-contexte ici…
Oui, Aferbeldy nous rallume la flamme un instant, prolonge un peu l’échéance de la période de transition saisonnière où l’on bascule vers un état de touriste épanoui à celui de bureaucrate griseux. Qu’est-ce qu’on aimerait trimbaler une dernière fois ces mélodies délicieuses sur notre baladeur à cassette (oui, je suis un irréductible), se promener pied-nu au bord de la plage caressé par l’eau salée, enfin bercé par les rayons d’un soleil couchant. Haaaaaaaaaaargh… A la place, on écoute ce cd coincé au bureau, pollué par les blagues salaces des collègues, notre regard lorgnant la fenêtre où tente de s’introduire un soupçon de lumière au beau milieu de tout ce meublé gris Ikéa…
L’écoute de cet elixir de jeunesse ne trompe pas, l’environnement de ce groupe originaire d’Edinburgh semble dénué de toute mauvaise onde, de toute prétention à vrai dire : on comprend vite qu’Aberfeldy n’est pas là pour la compétition, juste pour nous aider à nous poser un instant. Il suffit de lire le titre des chansons pour comprendre qu’on n’a pas affaire à un disque de Korn : “A Friend Like you”, “Summer’s Gone”, “Vegetarian Restaurant”, “Young Forever”.
On est caressé dans le sens du poil, on ronronne de bonheur devant tant de délicatesse et d’arrangements purs. Forcément, le chant amical de Riley Briggs soutenu par les choeurs enfantins de Sarah Mc Fadyen nous réfèrent droits aux Papas Fritas, les seuls de mémoire récente à avoir approché une telle pureté. Notre esprit flottant comme une bulle de savon, on retrouve aussi cette plénitude dans le meilleur de Gorky’s Zygotic Mynci.
Cette bonne humeur limite niaise qui émane de ce disque et qu’on croyait exister seulement au village des Schtroumpfs, pourrait parfois irriter, mais ces chansons sans fioritures sont tellement bien pesées qu’on se laisse happer par ce sentiment tout sauf désagréable. Par exemple, « Summer’s Gone » avec ces maracas et sa ceinture de banane se sifflote instantanément, et c’est finalement le résultat qui compte.
Et puis à la fin du voyage, on nous gratifie d' »Out Of Love », ballade sensible qui semble toucher le but en nous souhaitant bonsoir sous une nuit de pleine lune étoilée.
Le son d’un xylophone délicat derrière des accords majeurs de guitare folk, la formule d’Aberfeldy a tout ce qu’il y a de plus simple. Un peu de simplicité, voilà ce qui nous manquait en ce moment.
Le site d’Aberfeldy