Le début du printemps voit fleurir une profusion de compilations pour tous les goûts, et surtout de bon goût! Voici un tour d’horizon des « must » de la saison en matière d’electronica débridée, rock nerveux et tubes utopiques dans un monde meilleur.


V/A channel 2

Commençons d’abord par la plus attendue, celle du label Output, un des catalogues anglais les plus passionnants en matière d’electronica éclectique. L’intérêt de V/A « channel 2 » repose surtout sur une bonne poignée de singles pour l’instant seulement disponible en vinyle, voir franchement introuvable, sauf si vous possédez un forfait spécial pour l’eurotunnel ou un casier résident chez les disquaires Katapult et Wave Records. Cette compile rectifie donc le tire et permet au plus grand nombre de savourer quelques-uns des meilleurs singles novateurs en matière électro de l’année dernière, mais aussi de découvrir les plutôt alléchantes nouvelles signatures, (13 titres sur les 15 proposés ici sont fraîchement débarqués) dont les très prometteurs Volca select, Tall Blonde, Colder, Black Strobe…

7 Hurts indique le chemin du dancefloor sur un dantesque « Malibu » qui justement nous transporte un temps en avance du côté des palmiers et le sable chaud. « Crazy Love » de Colder nous refroidit ensuite un peu mais reste toujours fascinant en s’appropriant l’univers parano d’un Suicide. S’en suit le single dévastateur de Black Strobe, « Me and Madonna » savant dosage d’un tube oublié de The Wake. On vogue alors en plein revival electroclash. La-dessus, il faut aussi mentionner les sur-médiatisés LCD Soundsystem et The Rapture de l’écurie New-Yorkaise DFA, qui, sur la fois de deux singles chacun, se sont déjà vu propulsés en tête de toutes les playlist 2002 des revues spécialisées. Léger bémol avec toujours les Rapture, dont on aurait préféré leur diablement efficace « House Of Jealous Lovers » au mou du genoux « Olio » (extented de plus). On est vite réconcilié avec Grand National et leur « Distance », un combo qui pourrait frapper tout aussi fort que Radio 4 à l’avenir. Trevor Jackson, le mentor d’Output peux bien se vanter d’avoir le fin du fin en matière de musique BPMisé.Vraiment, du travail d’orfèvre.

Le site du distributeur en France, Discograph (pas encore ouvert, mais ça ne saurait tarder!)

V/A Nothern electric

On pousse ensuite du côté nord de l’Angleterre vers Manchester et Sheffield, des villes qui ont toujours donné des leçons au reste du globe en matière de tuerie Dancefloor (remember Madchester, New Order and co…). La bien nommée compilation V/A Nothern Soul verse dans l’électro ludique et hybride, qui sent le séquenceur bon marché et une bonne dose de transpiration à bidouiller tout seul dans son grenier. Voilà un panel de nouveaux artistes qui en sont à leurs prémices artistiques, mais dont émerge déjà une nouvelle scène prometteuse. Une excellente idée donc de répertorier tous ces artistes au son amphibie, le caractère de la compilation prenant ainsi un ton plus instructif. L’ensemble résonne à mi-chemin entre Cabaret Voltaire, The Fall et d’autres influences plus faciles à digérer comme Human League. Avec un passionnant mélange de Cramps à la sauce digitale. Beaucoup de Clin d’oeil : Les King Have Long Arms s’emportent sur leur emblêmatique « Rock and Roll is Dead » (Mais où est passé Lenny Kravitz?). Adrian Flanagan parvient à mixer du Bowie à la sauce Robots in Disguise. Certes, pas tout ici est de haute volée, mais il s’agit bien là d’une compilation homogène dont il faudra suivre de près quelques-uns des acteurs présents ici.

V/A Atticus… dragging the lake. II


On change de registre et on sort l’artillerie lourde avec la seconde compilation Atticus, la marque de vêtement des néo-punk-multimilliardaire Blink 182. Si vous n’êtes pas amateur des guitares bien grasses, double grosse caisse et autre charlestone omniprésent, passez votre chemin. Pour les plus solides, force est d’admettre que la compilation des Bing 123 tire remarquablement son épingle du jeu. On y trouve un panel assez large de ce qui peut se faire de mieux en matière de rage punk/hardcore/emo. La jeune garde (Slick Shoes, Maxeen, Taking Back Sunday, Matchbook Romance) cotoie les vétérans de Rocket From The Crypt, The Mighty Mighty Bosstones, Lagwagon… Entre-deux, on retrouve la rage fugazienne de Sparta (ex at-the drive-in), l’indu punk des Transplants, et l’emo gentillet des Jets To Brazil. L’ovni du CD revient aux Dropkick Murphys que l’on qualifiera de Pogues-punk du nouveau millénaire (j’avoue ne rien connaître rien d’eux malgré une discographie semble-t-il assez fournie depuis 1998)! Avec près de 26 titres, chacun pourra y trouver son compte pour pogoter devant sa glace, manche à balais à l’appui.

Le site de la marque Atticus

Musclorvision/What’sUp to You!


Enfin pour se changer les idées, quoi de plus rafraîchissant que de se laisser aller à une compilation de tubes pop virtuels? C’est l’excellente idée que propose le jeune label Musclorecords : recycler l’esprit de compétition des ringards de l’Eurovision sur fond de cocorico « bleu, blanc, rouge ». But de l’entreprise, solliciter quelques jeunes loups du paysage hexagonal afin de pondre l’hymne pop parfait. Dans un franc esprit de déconnade, une dizaine d’artistes se sont attelés à la tâche. Mis à part un ou deux dérapages spectaculaires, (on ne donnera pas de noms, le jury restant fair-play devant les jeunes candidats), l’ensemble tient la route et se laisse écouter un verre de grenadine à la main. On retiendra donc les agréables surprises des Nicotines avec leur « Sister in Love » dans le pur esprit pop sixties accommodé d’un chouia de synthé cheap. La révélation revient à Dirty Sanchez parvenu à accoupler envolées « AIRiennes » aux testostérones de Rocky Balboa (véridique !). L’esprit festif de Dallax de G. friend et bien d’autres… Franchement fendant et addictif.

le site du label Musclorecords