Vous reprendrez bien une louche de Punk rock millésimé 77′ puisque nous sommes en plein grand nettoyage de printemps. Les légendes de Manchester viennent de publier un album digne qui ne révolutionnera pas le genre, mais regorge de pépites énergétiques.


Etant né en l’an 77 du siècle dernier, vous comprendrez que je n’étais pas encore assez lucide pour vivre de plein fouet l’explosion punk, assister à la parution de singles mythiques des Buzzcocks comme « What Do I get? », m’extasier sur Sid Vicious et ses piercings sur les fesses et enfin vous faire un topo là-dessus. Non, mon initiation aux Buzzcocks fut nettement moins héroïque et commença en 1996 avec l’album All Set. Oui, l’album de la reformation et non pas Love Bites et autres A different Kind of Tension habituellement cité par tout bon rock critic qui se respecte.

Je me rappelle encore de l’instant où j’ai déniché cet album dans un de ces bacs invendus de la Fnac. Sa pochette hideuse dans le pur esprit 77′ m’avait interloqué et devant son prix attractif (environ 30 balles, la monnaie de l’époque s’appelait le franc si je me rappelle bien) je n’avais pas hésité à franchir le pas et filer droit vers la caisse.

Bien sûr, le nom des Buzzcocks ne m’était pas vraiment inconnu, je connaissais quelques morceaux sur une compile « keupon » où un truc dans le genre, mais le réel déclic fut cet album. Si All Set n’est pas parfait, la galette contenait tout de même quelques titres extraordinaires et fut un bon compagnon de route pour moi et mon disc-man pendant quelques semaines. Enthousiasmé par ce premier rendez-vous, je me suis par la suite procuré les albums mythiques via le triple cd qui contenait l’intégral de leur période dorée (remasterisé chacun depuis avec emballage d’origine). Le Graal s’ouvrait à moi. Désormais, les buzzcocks s’alignaient sur le même piédestal que The Clash et les pistolets sexys.

2003, les vieilles gloires punk semblent s’être passé le mot pour faire parler d’elles (Wire, nouvel album de Suicide et en tourné sous peu, la disparition de l’ami Joe strummer…). Un nouveau Buzzcocks peut prêter à réfléchir sur son utilité, surtout que la formule n’a guère évolué depuis plus de vingt cinq ans. Mais ce serait négliger la richesse mélodique des compositions ainsi que les paroles de Pete Shelley qui valent toujours tous les Offspring et Sum 41 de la terre.

Après quelques expérimentations électroniques avec son vieux compère et ex-Buzzcocks Howard Devoto sur Buzzkunst, Pete Shelley a certainement eu envie de revenir sur des bases plus solides en privilégiant le format standard de composition. Rien de bien révolutionnaire donc sur cette nouvelle cuvée, si ce n’est toujours ce don pour pondre des standards qui durent.

Côté production, le son des guitares n’a jamais été aussi gros, limite heavy. Quelques riffs d’ailleurs ne sont pas loin du genre cheveux peroxydé et futal en cuir (voir le viril « Lester Sands »). Le travail de Tony Barber en tant que producteur (également bassiste depuis All Set) peut surprendre à la première écoute, mais au final on retrouve bien la patte du groupe. Les guitares de Steve Diggle sont très souvent inspirées et moins redondantes que d’habitude (Le Père Nöel lui a certainement offert un pédalier multi-effet). Cerise sur le gâteau, la paire historique Shelley/Devoto a signé deux nouveaux titres, « Stars » et « Lester Sands » de bonne tenue.

Les Buzzcocks n’ont pas viré metal, non, mais l’énergie déployée peut rappeler le Therapy? de Troublegum, voir les albums 90’s de Bob Mould. L’illusion avec Sugar est d’ailleurs troublante sur « Sick city Sometimes ». Dans l’ensemble, l’énergie prime sur les mélodies même si les textes introspectifs de Pete Shelley sont toujours aussi inspirés (« Jerk », « Friends »).

Encore une fois l’histoire se répète, cet album éponyme ne tient pas trop dans la longueur mais détient quelques titres géniaux. Fidèle à sa réputation, les Buzzcocks ont toujours été un groupe à single mais se révèle moins convaincant sur du long format. La légende est donc sauve.