Troisième album de Elysian Fields Dreams that breathe your name marque le retour des new-yorkais toujours dans cette veine intime dont ils ont le secret, une musique de velours entre Nina Simone et PJ Harvey après l’orage.


Qui se souvient de Bleed your cedar premier album des Elysian Fields ? Acclamé haut et fort comme l’incontournable de l’année, beaucoup d’encre a coulé depuis 1995 sur ce groupe new-yorkais sans qu’il y ait vraiment de frénésie autour. Combien de groupes encensés dès leur premier album ont vite été oubliés par certains médias complices de leur chute, aveuglés par leur chiffre de vente.

Elysian Fields peut se réjouir d’avoir trouvé en France un public fidèle et aimant au point de leur réserver un accueil chaleureux digne des grands artistes. Et les new-yorkais savent nous le retourner comme à l’image d’une black session de pratiquement deux heures, unique concert en France, d’une rare intensité que de nombreux groupes devraient s’inspirer.

Après quelques escapades solo de Jennifer Charles et Oren Bloedow, quelques titres pour des compilations en hommage à Gainsbourg ou Edgar Allan Poe ou bien des scores pour films, Elysian Fields sort enfin son troisième opus Dreams that breathe your name. De prime abord rien n’a changé dans la musique depuis leurs deux précédents albums, un mélange savamment orchestré entre un blues rock dépouillé et un folk plutôt intimiste.

La voix toujours aussi sensuelle susurre à souhait des mots à vous faire fondre en peu de temps. Mais ne nous détrompons pas car derrière ces mots salaces se cachent les échecs de la vie sentimentale, les blessures pas toujours bien cicatrisées, les réveils difficiles. Car à trop voir le côté charnel et provocation de Jennifer Charles – si encore il y a – la vraie face d’Elysian Fields est à chercher dans le sens de ses paroles. Porté par cette voix suave, des chansons comme « Baby get lost », « Drunk on dark sublime », « Dog of tears » font résonance à la mélancolie que dégage la musique des new-yorkais, laissant transparaître le côté sauvage, indomptable du couple Charles/Bloedow.

« Passing on the stairs », peut être la clef de voûte de l’album, nous transporte avec son rythme emprunté à Leonard Cohen, pour nous laisser suspendus à mille pieds d’altitude sans se soucier une fois le morceau fini de la descente.
« Shrinking heads in the sunset » et « shooting stars » bercé par un piano version Chopin gravent l’obscurité qui se détachent d’un rayon de lumière pour s’effacer complètement et atteindre le mystique, la rédemption pointant le bout de son nez.
« Live for the touch » chanté à fleur de peau regorge de sensualité, il faut voir Jennifer Charles les yeux fermés, le poing serré en train de vivre ce moment, les sens en éveils. La chaleur envahit le corps, la voix se fait confidente, la guitare témoigne des ébats qu’on devine torride.

Même si sur les treize morceaux de Dreams that breathe your name tous ne sont pas du même niveau d’écriture, ne vous gâchez pas le plaisir de découvrir les chansons d’Elysian Fields au parfum envoûtant qui à coup sûr sauront vous séduire. Au réveil comme au coucher, cette musique est un remède au stress de la journée, n’en abuser pas pour autant vous risquez de ne pas vous en remettre.